« Des leviers existent pour faire vivre la fraternité »

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Le 4 février est la journée internationale de la fraternité humaine. À cette occasion, le Secours Catholique, en partenariat avec l'association Coexister et le Social bar, co-publie un baromètre sur l'état de la fraternité en France. Si les résultats sont pour la plupart alarmants, la volonté des Français de se mobiliser pour faire vivre cette valeur est, elle, plutôt rassurante, explique Thomas Chanteau, du Secours catholique.
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Entretien avec Thomas Chanteau, coordinateur pour le Secours Catholique du baromètre de la fraternité. 
 

Pourquoi le Secours Catholique participe-t-il à la publication de ce sixième Baromètre de la fraternité ? 

Thomas Chanteau : Au Secours Catholique, nous portons la fraternité au coeur de nos actions, c’est une valeur cardinale de l’association. Or, contrairement à l’égalité ou à la liberté, c’est un principe qui n’est pas protégé juridiquement et dont la réalité ne se mesure pas. En collaborant à ce baromètre, nous avions envie de la rendre un peu plus concrète, palpable.
L’idée de ce baromètre, qui existe depuis 2016, est en effet de donner un aperçu de l’état de la fraternité en France et de son évolution. Les personnes y sont interrogées sur leur définition de la fraternité, sur comment elles perçoivent la diversité - comme une chance, une menace ? -, sur la confiance qu’elles accordent aux autres…
Dans l’édition de cette année, il y a une dimension supplémentaire qui nous intéresse particulièrement au Secours Catholique, c’est celle des leviers possibles pour faire vivre cette fraternité. Là-dessus, le baromètre n’apporte pas de solution miracle mais des pistes de réflexion intéressantes pour imaginer des actions concrètes. Par exemple, pour 82% des répondants, l’un des moteurs de la fraternité est la convivialité. À partir de là, on peut travailler à créer sur le terrain les conditions de cette convivialité. Parmi les principaux leviers évoqués par les personnes interrogées, il y a aussi l’éducation à la paix et à la confiance. Tout cela représente des pistes de travail.


Pourquoi la promotion de la fraternité est importante pour le Secours Catholique ? 

T. C. : D'abord, parce que nous nous rendons compte qu'il y a une aspiration des personnes démunies à davantage de fraternité. On l’observe, notamment, dans le baromètre, où, parmi les personnes interrogées, les plus pauvres nous disent plus que les autres que la fraternité est une valeur qui sera centrale pour l’avenir.
Ensuite, parce qu'il y a un besoin chez les personnes que nous accompagnons de restaurer la confiance en l'autre. On voit, dans les résultats du baromètre, que les personnes pauvres sont davantage méfiantes envers les autres. Lorsque j'ai soumis cette donnée à un groupe de personnes en situation de précarité avec qui nous travaillons, en Isère, celles-ci m'ont répondu : « Lorsqu’on a trébuché, la plupart des personnes sur qui ont pensait pouvoir compter ne nous ont pas aidé, Comment voulez-vous avoir confiance en l’autre lorsque vous avez été lâché par les personnes qui vous étaient le plus proche, vos amis, votre famille ? » 
Enfin, parce que la fraternité, qui est la culture du dialogue, de l'empathie, de la bienveillance, est nécessaire pour que les personnes les plus fragiles osent s'affirmer, s'exprimer, même face à la contradiction, et puissent ainsi trouver leur place dans la société. 


Quels principaux enseignements tirez-vous de ce baromètre ? 

T. C. : Tous les indicateurs de fraternité, qu'ils soient relatifs à la tolérance envers ceux qui sont différents de nous ou à la confiance qu'on accorde aux autres, sont un peu en berne. Les résultats  n'ont jamais été aussi bas depuis que le baromètre existe (depuis 2016. Ndlr.) Et ça, c'est alarmant. Le point positif, c'est que plus des trois-quart des personnes interrogées disent qu’elles sont prêtent à se mobiliser et à s’engager concrètement pour promouvoir et faire vivre la fraternité.


Quels sont les objectifs de ce baromètre ? 

T. C. : Un des objectifs est de montrer aux décideurs politiques, d'une part, que la fraternité est une préoccupation des Français, et, d'autre part, que la promotion du lien social est une piste de travail à creuser pour trouver des solutions à d’autres problèmes qui traversent notre société. On le constate dans ce baromètre, dans le lien qui est fait par les personnes interrogées entre fraternité et santé mentale ou entre fraternité et sentiment d’insécurité. 
 

Accéder au baromètre de la fraternité 2024

Crédits
Nom(s)
Propos recueillis par Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste
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