Suheir Farraj, militante féministe palestinienne : « Je rêve d’une société libre de violences »

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Fondatrice de l’ONG Tam, partenaire du Secours Catholique en Palestine, Suheir Farraj est une militante féministe qui défend le droit des femmes dans une société patriarcale subissant le joug de l’occupation israélienne.
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Texte
Suheri Farraj

« Dans mon enfance, j’ai été inspirée par ma mère, ma grand-mère et ma sœur aînée qui étaient toutes trois des femmes fortes. Le féminisme est dans mon sang : je crois en la liberté des femmes de choisir leur vie et de prendre leurs propres décisions. Et je crois en l’égalité entre les femmes et les hommes. Ça n’est pas facile de défendre les voix des femmes dans notre société patriarcale. Je prends des risques et je suis régulièrement la cible d’attaques de la part des fondamentalistes religieux.

Je m’insurge aussi contre l’occupation israélienne qui se retourne contre les femmes. Chaque jour, nous subissons des humiliations. Il faut se lever à quatre heures du matin pour passer les barrages avant d’aller travailler. Les hommes sont également battus et humiliés. Comment s’étonner que certains soient amenés à déverser leur rage sur leurs propres compagnes ? Qui accepterait de ne pas être traité comme un être humain ?

Pour faire évoluer les mentalités et éveiller les consciences, il faut d’abord modifier les lois.

Notre ONG Tam entend lutter contre l’ensemble des violences faites aux femmes. Nous avons créé la plate-forme en ligne « Be safe » qui permet d’appeler à l’aide 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Nous faisons de la sensibilisation dans les écoles auprès des nouvelles générations sur cette question de l’égalité des genres. Et nous menons des plaidoyers pour changer les lois. Car pour faire évoluer les mentalités et éveiller les consciences, il faut d’abord modifier les lois. Ainsi, nous avons obtenu le gel de deux articles du code pénal : l’un relatif aux crimes d’honneur, l’autre au viol. Jusque là, un homme qui avait violé une femme n’était plus poursuivit s’il épousait.

Je rêve d’une société libre de violences, d’un pays et d’une terre libres. Je sais que le voyage sera long pour faire valoir les droits des femmes en Palestine. Peut-être que je ne verrai jamais cela. Mais peut-être que mes filles le verront. »

Crédits
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Propos recueillis par Cécile Leclerc-Laurent
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Journaliste rédactrice
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Victorine Alisse / Collectif Hors Format / Secours Catholique
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