En janvier, Raphaël commencera un nouveau travail et Laurence devrait reprendre son activité. En attendant, ce mois de décembre est particulièrement dur financièrement pour le couple à cause d’une perte de revenus. Heureusement, une éclaircie est apparue du côté de la Banque de France.
Raphaël a toujours cumulé les emplois. Sud-Ouest le matin, la pizzeria le soir, et un troisième boulot en journée. Avant d’entamer la formation de chauffeur de bus, il travaillait de 7h à 15h dans une déchetterie, à Langon, à 20 km de chez lui. Un poste qu’il avait trouvé après le confinement. Au volant d’un camion, il ramassait les encombrants pour les rapporter au centre de tri. Mais en septembre, en portant une machine à laver, il s’est fait une entorse au poignet. Impossible désormais de soulever des poids trop lourds. « J’ai vu passer cette annonce de formation financée par l’entreprise de transport. Plutôt que de rester en arrêt maladie, j’ai saisi l’opportunité », explique le presque quinquagénaire. Les deux mois d’apprentissage doivent déboucher sur un CDI de conducteur de bus scolaire. « Normalement, je commence en janvier. » Cette perspective le réjouit. « Je vais voir du monde. Ce sera plus de responsabilité. Transporter des gamins, ce n’est pas comme des machines à laver, plaisante-t-il. Et puis, conduire des véhicules de cette taille, c’est intéressant. » La seule ombre au tableau est la perte de salaire. À la déchetterie de Langon, Raphaël gagnait 1400 euros net par mois. « Là, ce sera plutôt 800 - 850 euros. » Avec Sud-Ouest et la pizzeria, cela lui fera environ 2100 euros. Trop juste par rapport aux charges fixes que doit supporter le ménage (lire l’épisode précédent : « On vit au jour le jour »).
Alors Raphaël prévoit déjà de chercher un quatrième boulot. « L’avantage du transport scolaire c’est que tu travailles en début de matinée et fin d’après-midi. Entre les deux, je pourrai faire autre chose. » Il pense à de la livraison pour des restaurants ou à de la distribution de prospectus. Dans l’absolu, dit-il, « c’est sûr que je préfèrerais des journées moins chargées, avec un salaire plus gros ». En novembre 2019, il a arrêté les livraisons de pizzas le soir. Car les grosses journées de travail jusqu’à 23h le fatiguaient. Il voulait aussi profiter davantage de ses deux derniers enfants, Inaya et Tyméo. Mais il a dû reprendre en août pour compenser les baisses d’indemnité chômage de sa femme.
C’est sûr que je préfèrerais des journées moins chargées, avec un salaire plus gros.
C’est un soulagement. Au moins les huissiers vont arrêter de nous embêter.
Raphaël doit cumuler les jobs pour espérer s’en sortir, mais la crise sanitaire, heureusement, ne l’empêche pas de travailler. Pour certaines catégories de travailleurs intermittents, dans la restauration ou l’événementiel, c’est la double peine. Privés soudainement de leur activité en raison du Covid-19, ils ont été oubliés dans un premier temps des dispositifs d’aide, ne rentrant dans aucune “case,” et ont vu leurs ressources chuter dramatiquement du jour au lendemain. Ces “travailleurs sans filet” témoignent dans une émission de France culture.
Nous vous invitons également à (ré)écouter des témoignages de personnes surendettées lors d’audiences enregistrées au tribunal d’Arras, toujours pour France Culture.
En janvier, Raphaël commencera un nouveau travail et Laurence devrait reprendre son activité. En attendant, ce mois de décembre est particulièrement dur financièrement pour le couple à cause d’une perte de revenus. Heureusement, une éclaircie est apparue du côté de la Banque de France.
Raphaël a toujours cumulé les emplois. Sud-Ouest le matin, la pizzeria le soir, et un troisième boulot en journée. Avant d’entamer la formation de chauffeur de bus, il travaillait de 7h à 15h dans une déchetterie, à Langon, à 20 km de chez lui. Un poste qu’il avait trouvé après le confinement. Au volant d’un camion, il ramassait les encombrants pour les rapporter au centre de tri. Mais en septembre, en portant une machine à laver, il s’est fait une entorse au poignet. Impossible désormais de soulever des poids trop lourds. « J’ai vu passer cette annonce de formation financée par l’entreprise de transport. Plutôt que de rester en arrêt maladie, j’ai saisi l’opportunité », explique le presque quinquagénaire. Les deux mois d’apprentissage doivent déboucher sur un CDI de conducteur de bus scolaire. « Normalement, je commence en janvier. » Cette perspective le réjouit. « Je vais voir du monde. Ce sera plus de responsabilité. Transporter des gamins, ce n’est pas comme des machines à laver, plaisante-t-il. Et puis, conduire des véhicules de cette taille, c’est intéressant. » La seule ombre au tableau est la perte de salaire. À la déchetterie de Langon, Raphaël gagnait 1400 euros net par mois. « Là, ce sera plutôt 800 - 850 euros. » Avec Sud-Ouest et la pizzeria, cela lui fera environ 2100 euros. Trop juste par rapport aux charges fixes que doit supporter le ménage (lire l’épisode précédent : « On vit au jour le jour »).
Alors Raphaël prévoit déjà de chercher un quatrième boulot. « L’avantage du transport scolaire c’est que tu travailles en début de matinée et fin d’après-midi. Entre les deux, je pourrai faire autre chose. » Il pense à de la livraison pour des restaurants ou à de la distribution de prospectus. Dans l’absolu, dit-il, « c’est sûr que je préfèrerais des journées moins chargées, avec un salaire plus gros ». En novembre 2019, il a arrêté les livraisons de pizzas le soir. Car les grosses journées de travail jusqu’à 23h le fatiguaient. Il voulait aussi profiter davantage de ses deux derniers enfants, Inaya et Tyméo. Mais il a dû reprendre en août pour compenser les baisses d’indemnité chômage de sa femme.
C’est sûr que je préfèrerais des journées moins chargées, avec un salaire plus gros.
C’est un soulagement. Au moins les huissiers vont arrêter de nous embêter.
Raphaël doit cumuler les jobs pour espérer s’en sortir, mais la crise sanitaire, heureusement, ne l’empêche pas de travailler. Pour certaines catégories de travailleurs intermittents, dans la restauration ou l’événementiel, c’est la double peine. Privés soudainement de leur activité en raison du Covid-19, ils ont été oubliés dans un premier temps des dispositifs d’aide, ne rentrant dans aucune “case,” et ont vu leurs ressources chuter dramatiquement du jour au lendemain. Ces “travailleurs sans filet” témoignent dans une émission de France culture.
Nous vous invitons également à (ré)écouter des témoignages de personnes surendettées lors d’audiences enregistrées au tribunal d’Arras, toujours pour France Culture.