Dans la cabane de Marinela, c’est une fournaise. Une nuée de mouches tourbillonne, attirée par la nourriture. La jeune femme de 29 ans remue avec vigueur la polenta dans la marmite. Dans le coin cuisine du baraquement en bois, adossé à une caravane « pour faire deux pièces », les deux plaques de camping sont reliées à une grosse bonbonne de gaz. À côté de la farine de maïs, le poulet mijote dans la poêle : « C’est du sarmale, un plat de Roumanie avec du chou et de la viande, explique Marinela, ça va être bon. On va pouvoir manger pendant deux jours avec ça. » Pas plus. Car sans réfrigérateur, impossible de conserver la nourriture très longtemps.
Dans le cabanon, un grand lit, un canapé, un coin cuisine, un poêle pour l’hiver, un ventilateur pour l’été et une télé. « On a un petit générateur, précise-t-elle, mais j’ai pas souvent les sous pour mettre l’essence. ». À l’arrière, dans la caravane, un lit double surélevé avec, en dessous, des sacs plastiques remplis de draps et de vêtements. Les murs et les fenêtres, recouverts de tissus verts, roses, orangés, donnent une ambiance feutrée au petit intérieur, impeccablement rangé. Au sol, les tapis dissimulent avec difficulté la terre noire du terrain, polluée par des décennies d’épandage des eaux usées de la ville de Paris. Marinela vit ici depuis dix ans. Ses trois enfants, nés en France, ont grandi dans le bidonville.
En pleine campagne, nichée entre trois petits bois, une trentaine de caravanes et baraquements de fortune se partagent le terrain de la Butte de Montarcy, à Méry-sur-Oise. Ce bidonville constitué il y a plus de quinze ans abrite aujourdhui 150 Roms.
Peuple tzigane d’origine roumaine ou bulgare, les Roms sont aujourd’hui majoritairement sédentarisés. Ici à Montarcy, les habitants viennent principalement de la région de Timisoara, grande ville de l’Ouest de la Roumanie. S’ils partent, c’est qu’au pays le salaire minimum est d’environ 420 euros brut (1), l’un des plus bas d’Europe. On y travaille pour 2 euros brut de l’heure, six jours sur sept. Et pendant ce temps - là, la corruption, principal frein au développement, affecte le fonctionnement des services publics. Avec la Bulgarie et la Hongrie, la Roumanie est aujourd’hui l’un des pays les plus corrompus de l’Union européenne, selon le classement 2018 de l’organisation Transparency International (2).
Au sein de la société roumaine, la minorité rom (3,2% de la population) souffre de diverses discriminations, notamment dans l’accès à l’éducation et à l’emploi. Une réalité ancienne pour les Tziganes du pays qui, durant cinq-cents ans - du 14e au 19e siècle - ont été les esclaves des principautés roumaines. En 2016, à l’occasion des 160 ans de l’abolition de l’esclavage, le président roumain Klaus Iohannis avait admis que l'affranchissement des Roms restait « incomplet sur le plan économique et social ». Le Conseil de l’Europe estime à 6 millions le nombre de Roms dans l’Union européenne. En France, ils ne seraient que 20 000 (3).
Sur le bidonville de Montarcy, outre les conditions spartiates qui régissent le quotidien – pas d’eau courante ni d’électricité – les familles vivent également avec la peur des expulsions. Une en moyenne tous les deux ans. À chaque fois, on se déplace de quelques mètres, toujours plus loin dans le bois, toujours plus loin des villes. Les services municipaux condamnent alors le site déserté et retournent la terre sur leur passage. Vestiges des camps précédents, les monceaux de terre de trois mètres de haut sont nombreux sur le sentier qui relie le chemin de Méry au terrain actuel. Désormais, le bidonville est situé à cinq kilomètres du centre-ville le plus proche. Et les habitants savent qu’en cas de nouvelle expulsion, il n’existe aucune solution de repli.
La polenta est prête. Elle retourne la marmite d’un coup sec puis démoule le tout dans une assiette. Régulièrement, la jeune maman jette des regards inquiets vers le pas de la porte : « Je fais attention à Efraim, il a cassé un carreau tout à l’heure et si je regarde pas il prend tout ce qui est dangereux ». Efraim, c’est son petit dernier : à deux ans, il crapahute un peu partout, enchaîne les bêtises et exige une surveillance constante. Marinela a également deux filles de 7 et 9 ans, Sefora et Ladira. Elle assure seule les besoins de sa famille et ne compte plus sur le père de ses enfants : « des fois il vient, des fois il vient pas, on a des problèmes ». De toute façon, il n’a jamais reconnu les petits.
Depuis son arrivée en France en 2007, Marinela n’a jamais eu de contrat de travail et ne touche pas d’allocations familiales. Si elle parvient parfois à décrocher des petits jobs au black au moment des récoltes, « aux pommes, aux raisins ou aux cerises », elle "gagne" surtout sa vie en faisant la manche. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a appris le français : le vendredi devant la mosquée d’Argenteuil, le dimanche sur les marches de l’église de Pierrelaye. « Grâce à Dieu je fais 20, 30 euros. Avec ça j’achète le lait, la farine, l’huile et le poulet pour manger plusieurs jours. » Chaque mardi après-midi, Marinela, comme de nombreuses mères de famille, récupère également un petit colis aux Restos du Cœur de Taverny. Ça aide à boucler la semaine.
Comme la majorité des femmes du camp, Marinela n’a pas le permis. Alors chaque déplacement se fait à pied, avec les enfants, dont on ne se sépare jamais. Cinq kilomètres de marche pour se rendre à la gare de Pierrelaye, la même distance pour atteindre le centre-ville de Méry-sur-Oise. « Et le plus compliqué, c’est d’aller chercher l’eau », assure-t-elle. Les habitants doivent descendre au cimetière de Pierrelaye, à deux kilomètres du terrain. « Je mets les bidons sur le chariot et je dois traverser la forêt. Au retour, c’est très lourd. » Alors sur le camp, l’eau n’est pas gaspillée. On la réutilise pour tout. D’ici deux jours, les bidons stockés dehors, à l’ombre, seront vides. Une préoccupation constante pour les habitants et surtout pour la jeune maman, peu mobile.
Dehors, les enfants se courent après à travers les baraquements en ruines, escaladent les carcasses de voitures abandonnées. Nous sommes samedi, il n’y a pas école. Un groupe de femmes, assises à l’ombre d’un toit en tôle, veillent sur les jeunes rejetons et discutent en tzigane. Dans ce système patriarcal, elles sont le plus souvent en charge de l’éducation des enfants, des tâches ménagères et de la manche. De fait, elles sont peu nombreuses à maîtriser le français. À à peine vingt-ans, certaines ont déjà deux enfants. Pourtant Marinela l’assure, la situation commence à s’améliorer ici, pour les femmes du camp. « Avant, toutes les filles devaient se marier à 13 ans, mais c’est presque plus ça. Moi, ma mère m’a laissé choisir. C’est moi qui ai choisi d’être avec quelqu’un à 19 ans. Et j’ai vu la vie que j’ai eue… Je veux que mes filles aillent à l’école, puissent travailler avant de penser au mariage. »
D’ici là, la jeune maman aimerait trouver un job pour « être indépendante ». Pourquoi pas femme de ménage : « Je saurais faire, depuis qu’on est petite on fait le ménage ». Véronique, l’une des bénévoles du Secours Catholique de Méry-sur-Oise, l’a d’ailleurs aidée à faire son CV. Elle en a déposé dans les boîtes aux lettres, mais pour le moment, aucun appel. Entre les conditions de vie sur le camp, les trois enfants à gérer seule et le manque d’opportunités pour travailler, la jeune femme confie être à bout. « Parfois j’ai pensé à en finir mais il faut pas. C’est des moments, après je me reprends. »
Je veux que mes filles aillent à l'école, puissent travailler avant de penser au mariage.
S’ils sont plus libres et plus mobiles, les hommes peinent également à trouver un emploi. À trois caravanes de Marinela, Gimi et ses frères ajustent la porte-fenêtre de leur baraquement. La famille rentre de plusieurs semaines en Roumanie car il fallait régler le divorce de Gimi. Pour l’aîné de la fratrie, c’est le retour à la case départ. Préoccupé, il désespère de trouver un jour un job déclaré en France. Gimi a passé son adolescence sur le terrain. Il est allé au collège du coin, puis au lycée en CAP mécanique, sans décrocher le diplôme. Car cette année là, la famille a reçu une obligation de quitter le territoire. « En rentrant en France je voulais travailler. J’ai fait le tour des garages et on m’a dit qu’on ne pouvait pas me prendre. Un garagiste m’a dit : "c’est rare de voir des Roumains engagés." J’ai baissé la tête, j’ai rien dit, je suis parti. »
Alors pour gagner son pécule, Gimi, comme beaucoup, vit de la revente de ferraille collectée dans les déchèteries. Il peut espérer en tirer 2,50 euros le kilo de fer et 4 euros le kilo de cuivre. « On dit qu’on est des voleurs mais quand t’as rien, comment tu peux acheter des vêtements ou à manger ? C’est des solutions pour survivre. » Inscrit à Pôle emploi depuis plusieurs années ainsi qu’à la mission locale de Taverny, Gimi espère qu’un jour, « le téléphone va sonner et qu’il y aura un travail. » Le jeune homme l’assure, il prendrait « n’importe quoi pour changer un peu de cette vie ».
Car depuis quelques mois, l’étau se resserre sur les habitants du bidonville. Les deux principaux chemins qui reliaient le camp aux départementales ont été fermés par arrêtés municipaux. D’abord par la mairie de Saint-Ouen-l’Aumône puis par celle de Frépillon, il y a quelques semaines. Raisons invoquées : l’amoncèlement de déchets sur le chemin, devenu un dépotoir pour particuliers et artisans du coin, qui jettent sans scrupule placo, éviers ou encore machines à laver.
Avec la fermeture du chemin de Frépillon, il n’y a plus d’issue pour les habitants, qui continuent logiquement d’emprunter la route. « Quand on sort du chemin, parfois la police est là et on doit leur payer une amende de 22 euros ! Mais c’est le seul chemin ! Comment on peut faire autrement ? », s’agace Gimi. Sur le camp, Jean-Luc, retraité et bénévole du Secours Catholique, en visite régulière, rappelle aux habitants de garder les procès verbaux. « On va essayer de faire annuler le paiement des amendes », précise-t-il. Contacté à ce sujet, le maire de Frépillon n’a pas souhaité répondre à nos questions. Il n’est pas toujours facile pour les familles de s’organiser collectivement.
Ici, l’office religieux, assuré certains samedis par un pasteur gitan du département, reste l’un des rares moments collectifs sur le camp. Majoritairement de confession chrétienne orthodoxe, les habitants se réunissent dans le grand baraquement central du camp, vide le reste du temps. Le quotidien s’articule autour du clan et de la famille. En cas de conflits, les anciens considérés comme sages sont invités à juger le litige entre les familles. Chaque partie défend son cas, puis les anciens tranchent. L’affaire se règle généralement par un dédommagement financier. « L’autre jour, raconte Gimi, une femme faisait la manche au Leader Price à Herblay. Une autre arrivait de Roumanie et s’est mise à sa place sans savoir. Quand l’autre l’a vue à sa place… Aïe aïe aïe ! Elles sont venues sur le camp, elles ont crié, il a fallu faire venir les anciens. »
Passé les liens du sang ou d’amitié qui unissent certaines familles, comme dans n’importe quel village, l’entraide ne va pas toujours de soi. « Chaque famille fait sa vie, trouve ses solutions, poursuit Gimi. Si ta voiture est cassée et que t’as besoin d’aller dans la ville, tu payes le trajet, simplement. » Et puis il y a la fierté : « Si tu demandes de l’aide à quelqu’un il va se moquer de toi. Il ne va pas le faire devant toi mais il va en parler. Donc on demande rien. »
Un peu plus loin, attablé au soleil pour l’apéritif, Vasilie discute avec son beau-frère Mugurel autour d’une bière. Lui, n’a pas encore trouvé de logement contrairement à Vasilie qui a quitté le camp il y a huit ans. Il espère voir aboutir bientôt sa demande de Droit au logement opposable (DALO) pour sortir sa famille du bidonville. « Encore hier soir j’ai vu passer un rat énorme dans la maison. Il y en a partout. J’ai pas réussi à dormir de la nuit. C’est compliqué ici. » Arrivé sur le bidonville en 2007, Mugurel est depuis un an peintre en bâtiment. Et bonne nouvelle, son CDD vient d’être renouvelé. Alors comparé à d’autres, Mugurel s’estime chanceux. Avant ça, à son arrivée en France en 1995, lui aussi a connu la manche et les petits boulots de saisonniers, sans aucune aide de l’État. Jusqu’à ce qu’on lui donne une chance. « J’ai appris très vite et ça a marché. Je suis content, je remercie Dieu. »
Entre les jobs en maraîchage, la récupération de ferraille et les contrats précaires, une majorité d’hommes sur le camp travaille. Mais pour trouver un logement, il faut avoir un emploi déclaré, souvent gagner trois fois le loyer, payer une caution, et ils sont peu, sur le bidonville, à remplir ces conditions. Pour Mugurel, les Roms, en arrivant en France, cumulent les difficultés. « Ils ne parlent pas le français, n’ont pas de métier à la base et n’ont pas de permis. Le travail il y en a. Mais il faut souvent une formation, remplir des papiers. Et en attendant il faut faire manger la famille. »
La forte femme d’une quarantaine d’années, aux longs cheveux noirs, vient de marcher sur un clou rouillé de trois centimètres. L’objet a transpercé son pied. Elle l’a donc arraché de ses propres mains. « Je vous emmène à l’hôpital ? » propose Jean-Luc, du Secours Catholique. La mère de famille, qui ne maîtrise pas bien le français, hoche la tête. C’est non, pas besoin. Alors pour panser la blessure, un bandage – sans désinfecter – suffit. Clopin-clopant, Anisoara, étouffant sa douleur, poursuit ses tâches ménagères, enchaîne les allers-retours de la caravane au coin vaisselle dehors, sous un soleil de plomb, sans broncher. Sur le camp, même pour la santé, c’est système D.
Nombre d’enfants en bas âge marchent pieds nus toute la journée. Une fillette de cinq ans sourit, ses dents sont rongées par les caries. Malgré l’accumulation des déchets, l’absence de véritables toilettes et les rats qui rodent, aucune épidémie particulière n’a été signalée sur le camp. Malgré tout, selon les données de la Commission européenne, les Roms ont une espérance de vie de dix ans inférieure à celles des populations majoritaires des pays dans lesquels ils vivent (1). Présente pendant des années sur le terrain, l’association Médecins du Monde, qui assurait des visites sanitaires régulières, a cessé il y a six ans ses interventions sur les bidonvilles du Val-d’Oise pour se concentrer sur le département de la Seine-Saint-Denis. La Croix-Rouge intervient sur le camp, notamment pour les vaccins. Il y a quelques semaines, c’était pour la rougeole. Pour tout le reste, la plupart des habitants bénéficient de l’aide médicale d’État (AME) ou de la couverture maladie universelle (CMU) quand ils travaillent et peuvent donc consulter un médecin. En cas de rendez-vous importants, Jean-Luc ou les autres bénévoles conduisent les familles non motorisées.
Les Roms ont une espérance de vie de dix ans inférieure à celles des populations majoritaires des pays dans lesquels ils vivent.
Depuis l’installation du camp il y a quinze ans, ATD Quart Monde et le Secours Catholique se partagent l’accompagnement global des habitants du bidonville. À 70 ans, Jean-Luc monte régulièrement sur le terrain. Quand le bénévole du Secours Catholique arrive, il est toujours bien accueilli : « Ils m’offrent souvent le café. Il y a de la sympathie entre nous, ils sont reconnaissants de ce que nous faisons pour eux. Ils sont très agréables. » Le local de Méry-sur-Oise du Secours Catholique permet aux familles de bénéficier d’une domiciliation. Ils peuvent venir y récupérer leur courrier et profiter de l’aide des bénévoles présents deux jours par semaine pour remplir leurs papiers (CV, Pôle emploi, CAF, RSA, demande DALO…). Mais ils sont peu à aller au bout de leurs démarches. Jean-Pierre, 72 ans, bénévole au Secours Catholique, accompagne depuis sept ans les habitants, notamment dans leurs démarches administratives. « On a un mal fou à leur faire garder les papiers. Ils n’ont pas l’habitude de toutes ces démarches administratives. Et puis ils se déplacent difficilement alors ce n’est pas évident de tenir les dossiers à jour. »
Comme Jean-Luc, vous pouvez apporter votre aide sur le terrain.
En savoir plusEn accord avec les familles, le Secours Catholique a également mis en place une navette scolaire. La scolarisation des nouvelles générations reste le meilleur moyen de favoriser l’intégration de la communauté, touchée à 50% par l’analphabétisme (1). Été comme hiver, matin et soir, les bénévoles de Méry-sur-Oise se relaient pour assurer le transport des enfants du camp de Montarcy aux différentes écoles des environs. Mais l’absentéisme reste monnaie courante. Pour Jean-Pierre, du Secours Catholique, la grande précarité des familles n’aide pas à l’assiduité scolaire des plus jeunes : « Mon impression, c’est que les habitants sont tellement installés dans une logique de survie, de vie au jour le jour, qu’il est très difficile pour eux de voir les choses à long terme. La santé, l’école, la PMI (Protection Médicale et Infantile), ils ne font pas de hiérarchie et pensent surtout à trouver de l’argent pour faire manger leur famille. »
50%
Alex termine une partie de foot improvisée avec les autres enfants du camp. L’adolescent de 15 ans, en classe de 3e au collège Jacques-Yves Cousteau de Méry-sur-Oise, passe le brevet. « Je pense avoir réussi toutes les épreuves », dit-il avec fierté. Il parle trois langues parfaitement : le français, le tzigane et le roumain. « Et puis l’anglais un peu », précise-t-il. Alex sert souvent de traducteur aux adultes, quand il faut aller à l’hôpital, ou quand la police débarque sur le camp. De l’avis de tous, Alex a de grandes capacités. « Quand je commence à lire, j’entends plus rien, je lis 300 pages en une seule journée et je retiens tout. »
Son rêve, ce serait de devenir médecin. « J’ai toujours voulu aider les personnes », confie-t-il. Alex a raté beaucoup de jours d’école cette année : « je ne sais plus exactement combien », reconnaît-il. « En fait ça va bien dans toutes les matières, mais ici j’arrive pas vraiment à réviser. » À six dans un baraquement, pas facile de se concentrer. Alors même si ses professeurs reconnaissent son potentiel, avec toutes ses absences et le retard accumulé, l’année prochaine, Alex ira en lycée technique. À côté de lui, sa mère pleure. « Je souffre beaucoup pour lui, il va prendre du retard », regrette-t-elle avant d’ajouter : « Mais il est très intelligent ». Alex n’aime pas voir sa mère dans cet état. Le gamin, sourire aux lèvres, relativise : « Je pourrais aussi être conducteur poids lourd, avoir tous les permis. Ce serait super. Et avec ça, je pourrai ensuite aller à l’université. »
Il l’assure, « si on déménageait pas si souvent, on construirait des maisons en brique et non en bois ». L’adolescent ne comprend pas non plus les stéréotypes qui entourent sa communauté : « Sincèrement je ne crois pas que nous sommes des voleurs. » Sage, Alex préfère ignorer les ignorants et résume ainsi sa philosophie : « Moi je crois dans les hommes. Je sais que si tu ne fais pas confiance, tu ne mérites pas qu’on te fasse confiance. »
Un reportage long format proposé par le Secours Catholique - Caritas France.
Texte, son et montage : Louise S. Vignaud - Photos : Christophe Hargoues.
Coordination éditoriale : Clarisse Briot.
Interface graphique et expérience interactive : Pepper Cube.