Lynda, 44 ans, est venue d’Algérie en 2014 avec son mari Hocine pour offrir un avenir meilleur à leurs deux enfants, Amel, 15 ans, et Ferhat, 10 ans. La famille s’est installée à Roubaix (Nord). Après un long parcours administratif et juridique pour régulariser leur situation, le couple a obtenu il y a quelques mois son premier titre de séjour d’un an renouvelable, avec autorisation de travail. Hocine a signé un CDI de mécanicien. Lynda se prépare à suivre une formation. Reste à régulariser la situation des enfants.
Lynda et sa famille habitent un quartier proche du centre-ville de Roubaix, dans lequel ils se plaisent. Leurs deux précédents logements étaient petits, insalubres et onéreux. Il y a quelques mois, la famille a emménagé dans un trois-pièces plus confortable, loué dans le parc privé. Avec le titre de séjour, ils ont droit à l’APL (aide au logement), aux allocations familiales et à la prime d’activité. Le couple rêve désormais d’une maison, avec une chambre pour chacun des enfants.
Lynda est suivie par le PLIE, une structure d’accompagnement des demandeurs d’emploi. Un référent l’aide à préciser son projet professionnel. Ayant confié son besoin de trouver rapidement du travail, elle s’apprête à suivre une formation en télé conseil, un secteur en tension dans la région. Lynda appréhende le retour dans le milieu professionnel, après quatre ans sans avoir pu travailler.
Hocine est mécanicien en CDI dans un garage à deux pas de l’appartement familial. Mécanicien en Algérie depuis l’âge de 16 ans, il a dû se contenter, une fois en France, de petits boulots non déclarés - seule source de revenus pour faire vivre la famille – qui l’ont fatigué et stressé. Désormais, il exerce dans de bonnes conditions.
Les repas sont l’occasion de faire vivre le lien qui attache la famille à l’Algérie. Lynda aime préparer le couscous, les pâtisseries et le pain traditionnel. Pour le jeune Ferhat, ce dernier est une puissante madeleine de Proust qui le ramène tout droit dans la maison de sa petite enfance.
La scolarité des enfants est suivie de près par Lynda. Amel, lycéenne, très bosseuse, se verrait bien faire des études de droit, pour devenir avocate. L’adolescente n’a jamais dit à ses camarades de classe qu’elle n’avait pas les papiers. « Je ne veux pas qu’on me considère différemment ou qu’on ait pitié de moi ». Depuis que ses parents sont régularisés, elle respire mieux. « Eux sont plus sereins, ça leur fait du bien, et donc ça me fait du bien aussi ».
Tous les mercredis après-midi, Lynda assure l’accueil des personnes qui se présentent au Secours Catholique de Roubaix. Elle est passée de l’autre côté du bureau, mais elle n’oublie pas qu’elle-même a été accompagnée. « J’ai l’impression de me retrouver dans ces gens qui vivent ce que moi j’ai traversé. » Son engagement dans l’association lui a permis de développer des compétences et d’entretenir une vie sociale.
Avec le voisinage, les parents d’élèves ou les professeurs de ses enfants, Lynda ne s’est pas sentie différente parce qu’en attente de papiers. Elle a fait « comme si », protégeant ses enfants du regard des autres, s’impliquant dans leur scolarité et s’investissant dans la vie associative locale.
Les autres
À Roubaix, Lynda a trouvé petit à petit ses marques. Mais depuis qu’elle a obtenu un titre de séjour, c’est la liberté de quitter cette ville, sans crainte d’être contrôlée et expulsée, qui, paradoxalement, amplifie ce sentiment d’être installée. Tout comme la perspective de refaire le voyage vers l’Algérie, pour dire adieu à des proches disparus.
Le sol
En Algérie, Lynda a exercé comme secrétaire dans une agence immobilière. Son mari Hocine était mécanicien automobile. Depuis qu’ils ont l’autorisation de travailler et de se former en France, tous deux revivent. Des perspectives s’ouvrent, pour toute la famille.
Le travail
vivent dans un logement précaire
(hôtel social, caravane, centre d’hébergement, squat…).
C’est 5 fois plus que les Français.
* Statistique d’après les personnes rencontrées par le Secours Catholique.Crédits :
Textes : Clarisse Briot I Photos :
Xavier Schwebel I Vidéo : Frankie Jautée
Coordination éditoriale : Clarisse Briot
Conception graphique et développement : Agence Pepper Cube
Projet imaginé par Benjamin Sèze, Clarisse Briot, Emmanuel Maistre, avec l’Agence
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