À Toulouse, « un élan de solidarité extraordinaire » auprès des personnes à la rue
« Les gens ont faim. Certains nous appellent au téléphone pour nous dire "on a peur, on n’ose pas sortir et on a faim". C’est la première fois que l’on entend répéter cette phrase », témoigne Marc Beauvais, président du Secours Catholique en Ariège-Garonne et bénévole sur le terrain à Toulouse. Il n’a pas hésité une seconde à s’impliquer fortement dans cette crise inédite : « Nous sommes dans une urgence sanitaire et alimentaire, une situation de catastrophe. »
À l’annonce du confinement, l’équipe toulousaine s’est rapidement organisée afin de continuer à venir en aide aux quelque 200 personnes en errance, migrantes ou non, sans ressources ou isolées qui, d’ordinaire, fréquentent l’accueil de jour L’Ostalada ainsi que les petits-déjeuners du chemin du Raisin.
L’Ostalada a fermé temporairement ses portes afin de ne pas exposer bénévoles et personnes accueillies. Les petits-déjeuners du Raisin, eux, se poursuivent, sur un site à l'air libre à l'arrière de la gare, mais sous une forme adaptée.
Terminé le buffet copieux et chaud partagé sur place dans la convivialité. Désormais, pour parer l’urgence en respectant les gestes barrières et les distances minimales, cinq à six bénévoles accueillent les personnes une par une dans l’enceinte du site, chaque matin entre 7h et 9h.
Ils leur délivrent un panier repas froid, confectionné chaque après-midi à partir de produits fournis par la Banque alimentaire, et déposé sur un comptoir abrité. « La personne arrive, se lave les mains au savon de Marseille. Elle prend un café, son colis, et elle repart », explique Andrew Nguyen, coordinateur du pôle errance du Secours Catholique toulousain, qui a mis en place un protocole communiqué à l’ensemble des volontaires.
« Pendant que l’un récupère son colis, le suivant entre pour se laver les mains. Ça se passe bien. Tout le monde est conscient qu’il faut respecter ces règles. », poursuit le bénévole, ancien infirmier urgentiste, qui espère néanmoins l’arrivée prochaine d’équipements de protection, demandés auprès des autorités : masques, gants et gel hydroalcoolique.
Andrew, bénévole
En attendant, pour aller à la rencontre des personnes à la rue et apporter le colis que certains n’osent pas venir chercher ainsi que des formulaires de circulation, les tournées de rue sont maintenues, cinq fois par semaine. Nouveauté : elles sont effectuées avec Médecin du monde, qui en assure le volet hygiène et santé.
« Nous partons à deux voitures, composées de deux binômes chacune. Le service de veille sociale de la Ville nous remonte les signalements en provenance du 115 », détaille Andrew Nguyen. Les bénévoles du Secours Catholique apportent des paniers repas, tandis que Médecin du Monde distribue des équipements de protection et repèrent les éventuels malades ou personnes à risques.