Inondations dans l'Aude : le Secours Catholique appelle aux dons
Sur le terrain, les équipes de bénévoles s'organisent pour aller, dès maintenant et pendant plusieurs semaines, à la rencontre des foyers sinistrés. Elles leur apportent écoute, soutien matériel (aide au rééquipement des maisons en électroménager, mobilier etc.,) administratif (accompagnement dans les démarches auprès des assureurs...), et réconfort moral et psychologique. Cet accompagnement sur ces trois volets se poursuivra sur le long terme.
Entretien avec Jean Meunier, responsable du Secours Catholique dans l’Aude-Roussillon, réalisé au lendemain de la catastrophe.
Secours Catholique : Quelle est la situation actuelle dans l'Aude ?
Jean Meunier : Il ne pleut plus, mais l’épisode cévenol qui a englouti le département dimanche soir s’est déplacé vers l’Hérault où il pleut abondamment. Les plus grosses craintes venaient hier soir des digues narbonnaises. Si l’une d’entre elles venait à céder, ce serait terrible, des zones résidentielles très denses seraient alors inondées. Elles résistent, ce qui est une bonne nouvelle. Cette situation me rappelle celle de 1999. À la différence que les zones inondées à l’époque étaient très peuplées. Alors que celles qui ont été victimes des pluies torrentielles dans la nuit de dimanche à lundi ne le sont pas trop.
De très nombreuses routes sont coupées et il nous est impossible d’accéder à de très nombreux villages. Notre animateur, Jean-François Ducreux, celui qui est en charge de ce secteur, m’a dit par téléphone que c’était pire que les images à la télé. De véritables torrents de boue ont dévalé les pentes et traversé les villages en causant des dégâts considérables. La route coupée la plus importante est celle qui relie Carcassonne à Mazamet. Tous les réseaux routiers partant de ce grand axe sont inaccessibles. Il est impossible d’y accéder avec nos véhicules.
S.C. : Où en est-on au niveau des secours ?
J.M. : De nombreux villages ont été évacués et leurs habitants ont été recueillis par d’autres petites communes. Les maires ont ouvert leurs salles des fêtes pour accueillir les sinistrés. Jean-François Ducreux a la consigne de proposer aux victimes de ces inondations d’être hébergées à l’hôtel s’il le faut. Le Secours Catholique prendra ce coût en charge. À Villardonnel, nous avons une bénévole, sœur Pierrette en charge de notre service migrants. Sa communauté religieuse a été victime d'un torrent qui a envahi le monastère et emporté sœur Elisabeth, retrouvée morte par la suite. Pierrette est en contact avec la mairie qu'elle va tenir informée de la disponibilité du Secours Catholique pour l'ensemble des villageois. À Villegailhenc, les dégâts sont très importants au cœur du village. Les secours d'urgence sont à l'oeuvre. Les experts des assurances devraient commencer leur tournée. Des bénévoles du Secours Catholique présents sur la zone ont proposé leurs services aux déplacés du village de Pezens et offrent une aide alimentaire sous forme d'épicerie itinérante, au cas par cas. À Bram, des bénévoles pourront héberger des familles pour plusieurs nuits si nécessaire.
À Narbonne, la mairie est mobilisée en cas d’évacuation d’urgence. Le principal risque est qu’une digue cède. Comment le fleuve Aude va-t-il réussir à évacuer toute l’eau qu’il transporte jusqu’à la mer sans faire péter les digues ? La bonne nouvelle, c’est que la tempête a cessé et que la mer est à nouveau capable d’absorber son débit. Nos équipes sont en veille. Chacun est invité à alléger son agenda et à se tenir disponible. Notre bureau s’est manifesté auprès de la préfecture qui nous a idiqué qu’il était pour l'instant trop tôt pour évaluer les dégâts, et donc les besoins.
Cette urgence va enclencher la procédure que le Secours Catholique met en place habituellement. À savoir, aller à la rencontre des sinistrés pour évaluer leurs besoins, tant matériels que psychologiques, et les écouter. Le discernement se fera, comme d’habitude, au cas par cas. En règle générale, nous intervenons 48 heures après l’armée. Notre veille est donc attentive.