Ukraine : auprès des victimes du conflit
Le conflit en Ukraine s'enlise et touche durement les populations. La Russie intensifie ses attaques sur le pays et les bombardements se multiplient. « La situation sur place est très instable et le conflit touche toute la population. De nombreux civils ont besoin d’une aide humanitaire urgente. », explique Benoît-Xavier Loridon, directeur de l’Action et du plaidoyer international au Secours Catholique-Caritas France. C’est pourquoi l’association lance un appel aux dons pour venir en aide aux Ukrainiens restés sur place, mais surtout aux déplacés et aux réfugiés arrivés dans les pays européens voisins.
En Ukraine, les fonds récoltés sont alloués à Caritas Ukraine et à trois autres partenaires qui, sur le terrain, se mobilisent pour répondre aux besoins essentiels de milliers de familles. Les ONG distribuent des produits de première nécessité aux personnes les plus vulnérables (nourriture, kits d’hygiène, vêtements, abris de nuit,…) et mettent en place du soutien psychologique pour panser les plaies des civils. Caritas est aussi présente dans l’aide au regroupement des familles et dans l’organisation des déplacés qui fuient le conflit.
« Les civils qui ont tout quitté sont surtout des femmes, des enfants et des personnes âgées. Les hommes sont restés pour défendre le pays. », note Benoît-Xavier Loridon. « L’élan de solidarité est fort à travers le réseau Caritas », souligne encore le directeur. L’organisation régionale Caritas Europa coordonne en lien avec Caritas Internationalis l’aide humanitaire qui provient des Caritas du monde entier.
Auprès des réfugiés
« Les besoins se font aussi sentir aux frontières avec les Ukrainiens qui se réfugient dans les pays limitrophes. Le Secours Catholique soutient donc Caritas Pologne », explique Benoît-Xavier Loridon. Fin mars, 10 millions d’Ukrainiens avaient fui leurs foyers, parmi eux 4 millions ont traversé les frontières selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU. Un chiffre qui est en constante expansion.
En Pologne la Caritas accueille à la frontière les réfugiés avec des « tentes de l’espoir » . Elle est présente aux postes frontières de Przemyśl, Zosin, Hrebenne, Lubaczów et Dorohusk, où les arrivants ont la possibilité de se reposer, de recevoir de la nourriture, du thé, du café, des vêtements chauds, des articles d’hygiène et des médicaments. La Caritas organise aussi des transports vers les centres de réfugiés et des familles d’accueil. Chaque jour, l’ONG distribue ainsi au total 47 000 repas. Fin mars, elle avait déjà aidé 438 000 personnes. Caritas Pologne apporte également un soutien psychologique et financier aux familles.
De son côté, Caritas Roumanie a mis en place des centres d’hébergement avec livraisons de repas et aide aux transports. Elle a déjà hébergé plus de 1000 personnes. De nombreuses familles poursuivent leur voyage après une ou plusieurs nuits dans les centres Caritas pour séjourner chez des proches ou se rendre dans un autre pays. À Sighetu Marmatia, un centre social propose des conseils, un accès à Internet et l'accès à un lave-auto.
En Slovaquie, 70 000 Ukrainiens ont passé la frontière et des équipes de la Caritas se relaient pour mettre en œuvre une aide psychologique pour les réfugiés souffrant de traumatismes. Les fonds récoltés par le Secours Catholique seront également utilisés pour accueillir les réfugiés issus du conflit en France.
Condamnation
« Nos maisons sont détruites mais personne ne va détruire notre aspiration à la paix et à la liberté. Nous continuerons à aider courageusement les populations. », affirme le père Vyacheslav Grynevych, directeur exécutif de Caritas Spes Ukraine. Caritas Europa et le Secours Catholique Caritas France condamnent fermement « l’intervention militaire en Ukraine et l’agression envers son peuple » et plaident dans un communiqué à la presse pour une « résolution pacifique du conflit ».
Les organisations appellent à la protection des civils et à un acheminement urgent et sans entrave de l’aide humanitaire aux personnes touchées. Elles déplorent également le décès de deux membres de Caritas Ukraine et de cinq de leurs proches tués par des tirs de char russes visant le local de l’association à Marioupol. Le Secours Catholique réitère sa condamnation de la violation généralisée du droit humanitaire international en Ukraine.
Entretien avec
Benoit-Xavier Loridon, directeur de l’Action et du Plaidoyer international au Secours Catholique
Secours Catholique : Qu’est-ce qui anime le Secours Catholique dans son engagement auprès des Ukrainiens ?
Benoît-Xavier Loridon : C’est l’essence même de notre action : aller vers les plus vulnérables. Les civils ukrainiens perdent tout du jour au lendemain. Il est de notre devoir de les accompagner. Cette guerre nous touche d’autant plus qu’elle est en Europe et que les réfugiés vont arriver chez nous en France.
S.C. : Quelles sont vos préoccupations face à cette crise ?
B-X. L. : Il faut tout d’abord être vigilant face à cet élan de générosité sans précédent. N’oublions pas que ce sont les victimes du conflit qui déterminent elles-mêmes leurs besoins. Il faut que l’on soit à leur écoute. Nous devons accompagner l’aide pour qu’elle soit la plus efficiente possible. Nous observons aussi que ces populations vulnérables sont en danger et risquent d’être victimes des réseaux de traite. Les prédateurs rôdent aux frontières près des files d’attente de réfugiés. Nous sommes également inquiets concernant la société civile russe qui est muselée. Nos partenaires sont aujourd’hui menacés et ont des difficultés pour travailler.Enfin, que ce soit en France ou ailleurs en Europe, il ne faut pas oublier l’accueil des autres migrants. Ce n’est pas parce que nous accueillons les Ukrainiens qu’il faut négliger les autres.
S.C. : Quel soutien pouvons-nous imaginer à long terme ?
Nous allons écouter les déplacés et les réfugiés qui, le plus souvent, veulent rester non loin de chez eux. La proximité du réseau Caritas sur le terrain avec ces personnes nous y aidera ainsi que la coordination mise en place par les Caritas européennes (dont le Secours Catholique) et pilotée par Caritas Europa. Nous espérons que la guerre va se terminer au plus vite et il nous faudra alors aider à la reconstruction et au retour des Ukrainiens chez eux. Pour les réfugiés arrivés ou en voyage vers la France, l’accueil s’organise via les institutions publiques, et en coordination avec les autres professionnels de l’accueil ; par exemple, la plate-forme de l’Église d’accueil des migrants.