Accompagnement scolaire : l’esprit collectif

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Chaque année, des milliers d’enfants et d’adolescents sont accompagnés dans leur scolarité par des bénévoles du Secours Catholique. Un accompagnement global, ouvert sur la vie des familles. À Guyancourt, en région parisienne, esprit collectif et ambiance familiale font, tous les mercredis, la recette du succès. Reportage.
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Texte
Une petite fille à l'accompagnement scolaire

Le Pont du Routoir, à Guyancourt, dans les Yvelines. Le Secours Catholique est implanté place du marché, au cœur de ce quartier constitué en grande partie de logements sociaux, longtemps isolé et aujourd’hui « en évolution », selon la formule de la municipalité. De fait, des commerces ont essaimé sur la place fraichement relookée. Devant le local, un carré de verdure s’épanouit, agrémenté de bacs collectifs où poussent herbes aromatiques et fraisiers. À l’intérieur, Anne-France, « Pascaloune », Catherine et Annie boivent le café après avoir partagé le déjeuner, bientôt rejointes par d’autres bénévoles.

Il en est ainsi tous les mercredis, avant que, par vagues successives, la trentaine d’enfants et ados ne pointent le bout de leur nez. À 14 heures, les premiers arrivent, sacs au dos, casquettes colorées sur la tête et sourires aux lèvres. Ils cochent leur prénom sur la feuille de présence. Puis, de façon fluide et naturelle, les binômes de travail se forment. Alimatou s’installe à côté de Marie-Amélie, ingénieure. Toutes les deux s’attaquent à la division. « Ne panique pas ! », conseille la bénévole, avant de commenter : « Il faut démystifier les maths. Ce qui bloque Alimatou, comme beaucoup d’autres, c’est son manque de confiance en elle ».

À la table d’à côté, Inès, en CP, s’exerce à la lecture avec Blandine. Une maladie a tenu la petite fille de 8 ans à l’écart de l’école pendant de longs mois. Elle s’applique à rattraper le temps perdu. À un troisième pupitre, Sata, la langue bien pendue pour ses 8 ans et demi, révise le futur avec Françoise. « C’est moi qui vais travailler maintenant », propose la bénévole en énonçant une phrase que Sata est invitée à corriger. « Oui, mais tu es plus intelligente que moi ! », rétorque cette dernière. Dans un box, Pauline, étudiante en prépa, épaule Bakou dans un exercice sur les anglicismes. « J’ai pris beaucoup de plaisir à l’école, confie la jeune volontaire. J’ai envie que d’autres ne ratent pas cela ».

Faire comprendre à l’enfant qu’il travaille pour son propre épanouissement, et pas seulement pour faire plaisir à l’adulte qui le suit.


C’est une caractéristique de l’accompagnement scolaire « made in » Guyancourt, à la fois individuel et mené en équipe : chaque semaine, les binômes adulte – enfant changent, afin d’éviter une relation trop exclusive, la continuité de l’accompagnement étant assuré par des fiches de liaison. « C’est bien pour apprendre à se connaître, estime Elise, 9 ans (à écouter ci-dessous), lunettes sur le nez et voix fluette, qui planche sur les nombres décimaux avec Odile. Et les méthodes d’apprentissage changent ».

« Nous mutualisons ainsi nos compétences, qui sont aussi diverses que nos parcours professionnels, et cela permet de faire comprendre à l’enfant qu’il travaille pour son propre épanouissement, et pas seulement pour faire plaisir à l’adulte qui le suit », ajoute Annie. Après une première heure studieuse, cette ancienne infirmière en psychiatrie, artiste à ses heures, anime un atelier dessin et pliage. Pendant ce temps, une autre activité créative prend ses quartiers à l’extérieur : la confection de « comètes » à lancer, pour la grande journée à la mer organisée à la fin de l’année.

Alors que les plus petits jouent ou bricolent, d’autres – et notamment les collégiens et les lycéens - bûchent. Dans un box, Mamadou, en 1ère ES, prépare l’oral du bac de français avec Françoise, ex professeure de lycée. « Elle m’aide à m’organiser. C’est elle qui m’a donné l’idée de faire des fiches », explique l’adolescent, à l’écriture très soignée. Puis c’est au tour de Léa et Naïma de débriefer les écrits. Les deux copines craignent le hors sujet. Françoise tente de les rassurer en décryptant les méthodes de notation de enseignants.

Libérée des cours, Faith, en classe de seconde, vient saluer l’équipe. Elle feuillette l’album photos de l’année écoulée et s’arrête sur celle d’une sortie collective à un match du PSG : mémorable ! La jeune fille fréquente l’accompagnement scolaire depuis qu’elle est en CE2. « Quand j’ai des contrôles, réviser les notions ici me donne de la confiance », explique-t-elle. Les bénévoles apprécient d’accompagner les jeunes dans la durée, et de les voir ainsi mûrir et progresser année après année. « Nous avons notre premier candidat au bac cette année, se félicite Dominique, un des rares hommes de l’équipe. Ce serait une fierté pour tous qu’il décroche son diplôme ! Il est sérieux, ça devrait passer. ».

La fin de journée approche. Samira, une maman, vient chercher Inès et Ryan, qui sautent à la corde tendue par Dominique et François, et ne sont guère pressés de rentrer chez eux. « Ils font des sorties, des activités ensemble, c’est bien ! », se félicite-t-elle. Cet été, toute la famille, qui a traversé une période compliquée, partira une semaine en vacances avec l’appui du Secours Catholique. « Je vois que ma fille comprend mieux certaines choses en tête à tête avec un adulte que dans sa classe de 30 élèves, témoigne Sohila, une autre mère. Et puis ça me rassure. Comme je suis allée à l’école en Algérie, j’ai peur de ne pas pouvoir suivre correctement la scolarité des mes enfants ». « Moi, bien sûr, je n’ai pas de difficultés, crâne Wassim, le frère aîné. Venir ici, c’est du bonus ! »

Crédits
Nom(s)
Clarisse Briot
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Steven Wassenaar
Fonction(s)
Photographe
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