Afrique : « Ça n’est pas le coronavirus qui va nous tuer, c’est la famine »
« Avec la crise du coronavirus, j’ai perdu mon contrat dans un cabinet d’études. Je me suis retrouvée sans salaire à devoir vendre des beignets à 4 heures du matin pour survivre », témoigne Jacky, jeune Sénégalaise de Dakar. En raison de la mise à l’arrêt de l’économie, des milliers d’Africains se sont en effet retrouvés au chômage. Et le secteur informel, qui représente dans nombre de pays africains plus de la moitié du PIB et fait vivre l’essentiel de la population, a particulièrement été touché.
S’ajoute à cette perte de revenus une hausse des prix des produits de première nécessité. « Avant la pandémie, un sac de haricots me coûtait 30 000 francs CFA auprès des fournisseurs. Maintenant je dois débourser 50 000 francs CFA pour le même sac », témoigne Christelle (2), une Centrafricaine.
Conséquence de la crise économique et sociale sans précédent : les Africains n’arrivent plus à s’acheter à manger et souffrent de la faim. « Les Malgaches ont peur de mourir de faim et non du virus. Ils disent que ça n’est pas le coronavirus qui va les tuer, c’est la famine », rapporte Lucie, présidente de la Caritas locale de la paroisse Sainte Famille à Antsirabe, à Madagascar.
Simone, Centrafricaine
Autre conséquence : les Africains ne peuvent plus payer les frais scolaires de leurs enfants et ont arrêté de les envoyer à l’école. « Je suis maintenant incapable de faire scolariser mes enfants. La misère nous envahit », déplore Simone (2), une autre Centrafricaine. Face à cet accroissement de la précarité, les partenaires du Secours Catholique agissent. À Madagascar, Caritas Antsirabe a distribué des produits de première nécessité comme du riz, et également des fournitures scolaires et des aides financières pour permettre la scolarisation des enfants.
Au Sénégal, Caritas a mis en place des transferts monétaires pour permettre aux habitants d’acheter à manger mais également des produits d’hygiène. Enfin en RCA, ATD Quart-Monde (1) sensibilise les plus démunis aux gestes barrières, installe des lave-mains dans les quartiers, et apporte une aide financière personnalisée aux familles. La pandémie menace la survie des familles fragiles et la vie devient de plus en plus difficile. « On était déjà pauvre avant, on l’est encore plus maintenant », résume Liantsoa Andrianavelomanana.
(1) Les associations citées sont des partenaires du Secours Catholique Caritas France
(2) Le prénom a été changé