Air et vie : le temps d’une pause
À l’accueil de l’établissement Air et vie, Cyril prend le temps d’écrire un petit mot d’espérance et de le glisser dans une boîte qu’il dépose dans la “manivelle à douceurs”. L’un des futurs vacanciers activera la manivelle lors de son arrivée et peut-être tombera-t-il sur le message de Cyril. Ainsi se crée une chaîne de solidarité entre ceux qui séjournent ici.
Depuis début 2015, Air et vie accueille des personnes dans le besoin qui souhaitent prendre un temps de pause. Cyril, compagnon Emmaüs à Strasbourg, est heureux de sa semaine de vacances : « Ça m’a permis de changer de cadre de vie et d’oublier le quotidien. La verdure m’a rappelé mon enfance au Togo, quand j’allais aux champs près des forêts avec mes parents. » Au programme de cette semaine pour Cyril : du tourisme – visite de Saverne, du parc naturel des Vosges du Nord – mais aussi des rencontres avec les autres personnes accueillies et les bénévoles de la structure.
« On rencontre tous types de personnes : il n’y a pas de barrière sociale, c’est beau à vivre. Cette mixité sociale est intéressante », déclare Agnès, responsable de l’antenne des bénévoles. Elle gère une soixantaine de personnes réparties entre la gestion du domaine, l’animation, la communication, la gouvernance et le service technique. Il faut entre autres s’occuper de l’accueil, du restaurant et de l’hébergement.
Michel est bénévole et vient tous les mardis et les jeudis. Ce samedi, il est présent aussi pour participer à l’activité des jardins partagés. Accompagné par le paysagiste Christophe, ils sont cinq à bêcher la terre et à planter des arbustes. « On partage les cultures ensemble, mais aussi nos savoir-faire », explique Michel. À ses côtés, Icham remplit une brouette de terreau. Lui est accompagné par Caritas Alsace à Strasbourg. C’est la première fois qu’il vient à Air et vie, « pour prendre l’air ».
L’établissement propose des chambres individuelles ou familiales, mais aussi un grand gîte pour les groupes qui souhaitent s’isoler. C’est le cas, ce week-end, de malades en soins palliatifs accompagnés par le personnel soignant du groupe hospitalier Saint-Vincent à Strasbourg. « D’une certaine manière, nous aussi, nous sommes des précaires, mais des précaires de la santé, observe Véronique, médecin. Et pour nous aussi, l’objectif de notre week-end à Air et vie, c’est de penser vacances alors que tout nous pousse à ne pas y penser. »