Au Mali, mieux se nourrir avec l’agroécologie

Chapô
Pays du Sahel, le Mali souffre de la sécheresse et des précipitations pluviométriques de plus en plus variables avec le changement climatique. Caritas Bamako, partenaire du Secours Catholique, accompagne les populations des zones rurales vers la transition agroécologique pour leur permettre d’assurer leur sécurité alimentaire.
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Depuis la rupture diplomatique entre Bamako et Paris il y a plus de deux ans, les ONGs maliennes ont interdiction de recevoir des fonds publics français. Côté malien, les autorités de la transition expliquent qu’il s’agit de mesures de respect strict des normes internationales sur les transactions financières des ONGs nationales pour un meilleur contrôle du flux financier dans un contexte d’insécurité exceptionnelle.

C’est pourquoi Caritas Bamako, partenaire de longue date du Secours Catholique, ne peut pas participer au programme global CoRe (Communautés résilientes) du Secours Catholique, qui prône une transition écologique juste, avec le soutien de l’AFD, l’agence française de développement. 

Au Mali, l’agriculture reste tributaire des aléas climatiques.

Projet agro-écologique soutenu par Caritas Bamako à Guihoyo, Kolokani.

Le Secours Catholique n’abandonne pas son partenaire pour autant et continue de l’accompagner pour promouvoir l’agroécologie auprès des populations rurales. « Chez nous, l’agriculture reste tributaire des aléas climatiques. Les pluies variables affectent les productions et les rendements agricoles, et donc la sécurité alimentaire des populations », explique Ferdinand Sissoko, coordinateur de Caritas Bamako.

Forte de son expérience depuis une dizaine d’années en faveur d’une agriculture durable, l’ONG catholique sensibilise désormais les habitants de la zone nord du diocèse (zone s’étendant jusqu’à 150 km au nord de la capitale malienne) à l’agroécologie, une agriculture respectueuse de la nature qui permet de restaurer les sols. Exit les engrais chimiques qui coûtaient cher aux paysans, place à l’intégration de l’élevage de porcs, moutons ou chèvres dans l’agriculture. « Les agriculteurs se servent des déjections animales pour faire de la fumure organique et fertiliser leurs champs. Et à l’inverse, les sous-produits agricole comme les fanes, les tiges ou les rejets de laitue permettent de nourrir leurs animaux. C’est du soutien réciproque et ça minimise les coûts de production », affirme Ferdinand Sissoko. 

Augmentation des rendements

En plus de ces biofertilisants, les agriculteurs (qui cultivent par exemple le mil, le sorgho ou encore le haricot) et les maraîchers (qui récoltent tomates, choux ou aubergines) utilisent aussi des biopesticides comme la poudre de néré, mais également des semences adaptées à la sécheresse. « Nous enseignons aussi des techniques de restauration des sols comme les cordons pierreux pour retenir l’eau, ou la jachère pour laisser un champ se reposer avant de le cultiver de nouveau. Tout cela dans une optique de protection de l’environnement et d’augmentation de la fertilité des sols », renchérit Moussa Traoré, point focal agroécologie à Caritas Bamako.

L’ONG veille par ailleurs à permettre aux paysans d’avoir des débouchés en leur mettant à disposition une unité de transformation des produits maraîchers et forestiers tels que les fruits sauvages (pour faire par exemple des sirops ou des nectars) ou en leur permettant de vendre leurs produits dans des magasins de sécurité alimentaire dans chacun des 11 villages accompagnés. « Résultat : nous avons remarqué que la période de soudure d’habitude de trois mois entre les récoltes (période pendant laquelle il est parfois difficile de se nourrir) a été réduite à un mois, ce qui est preuve de l’augmentation de la sécurité alimentaire » se félicite Marcel Diarra chargé de programme à Caritas Bamako. Les rendements maraîchers ont aussi accru de 25%.

28 400 habitants bénéficient de ce programme. Et les femmes sont particulièrement plus impliquées dans les organisations paysannes, permettant ainsi de leur donner une plus grande place dans la vie quotidienne locale.

Lire aussi : En Mauritanie, des familles paysannes se tournent vers l'agroécologie

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc – Laurent 
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Sebastien Le Clezio
Fonction(s)
Photographe
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