Au Tchad, dialoguer pour surmonter les conflits
« Le Tchad fait face à un impératif de dialogue politique », insiste Abderrahmane Ali Gossoumian, coordinateur du Comité de Suivi de l’Appel à la Paix et à la Réconciliation (CSAPR), partenaire du Secours Catholique.
Ce pays du Sahel doit gérer une situation socio-politique tendue. Après la mort au combat du président Idriss Deby Itno en 2021, une période de transition dirigée par son fils – Mahamat Idriss Déby – et l’armée a vu le jour pour gouverner le pays. Marquée par une violente répression des oppositions politiques et d’importantes pertes humaines, cette période transitoire a abouti à l’élection présidentielle de mai 2024, qui s’est soldée par la victoire de Mahamat Idriss Deby.
En parallèle, le pays, qui compte plus de 250 groupes ethniques, est morcelé par de violents conflits intercommunautaires aux dimensions culturelles, géographiques ou encore qui opposent agriculteurs et éleveurs. « La population tchadienne est divisée et ceux qui sont au pouvoir font souvent des choix qui sont à l’opposé des besoins des citoyens, précise Abderrahmane Ali Gossoumian. C’est pourquoi nous voulons insuffler un changement en incitant au dialogue. »
Un arbre sous lequel tout le monde peut trouver de l’ombre et discuter
Pour cela, le partenaire crée des événements ouverts à toutes et tous, et qui privilégient le débat auprès des différentes communautés. « Responsables politiques, leaders religieux, universitaires, société civile… Nous sommes un arbre sous lequel tout le monde peut trouver de l’ombre et discuter ensemble », indique Abderrahmane Ali Gossoumian.
Cafés politiques, conférences publiques, réseau de médiateurs… Parmi les nombreux projets portés par le CSAPR, des “caravanes de la paix“ ont été créées. Ces espaces de dialogue itinérants sillonnent le pays et permettent aux différentes personnalités politiques et acteurs de la société civile d’aller à la rencontre de régions isolées où les tensions font rage. Afin de mobiliser le plus grand nombre, ces “caravanes“ s’accompagnent de projections de films et d’activités sportives. « Le but de ces activités culturelles est de faire venir tout le monde afin de discuter des conflits, de la paix et de favoriser le vivre-ensemble », explique Abderrahmane Ali Gossoumian.
Avec ces initiatives, le partenaire entend apaiser les tensions mais aussi renouer le dialogue entre la population et les pouvoirs publics. « Nous voulons voir un changement politique et social pour notre pays, affirme Abderrahmane Ali Gossoumian. C’est possible car le peuple tchadien peut faire de grandes choses. Mais pour cela il nous faut apprendre à vivre ensemble. »
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