Au Togo, un village plus verdoyant grâce à ses habitants
Des pluies moins fréquentes, un sol peu fertile, un manque d’arbres et des difficultés relationnelles entre agriculteurs et éleveurs : tels sont les constats posés en 2021 par les villageois de Natongou dans la région des savanes au Togo. Les ONGs Carto, Jarc et OCDI, partenaires du Secours Catholique, venaient de leur proposer de rentrer dans une démarche dite des "AOC" (approches orientées changement). Dès le départ, les villageois ont réfléchi ensemble aux problèmes qu’il leur faudrait résoudre afin que cela enclenche une prise de conscience et des changements de comportement. Puis ils se sont entendus sur une vision d’amélioration d’un village verdoyant avec des sols fertiles et des récoltes abondantes d’ici cinq ans.
Pour faire de cette vision une réalité, tous ont décidé de planter des arbres en quantité, notamment des espèces en voie de disparition comme le manguier ou le cassia dans des pépinières en enclos ou dans les champs pour favoriser l’agroforesterie et la fertilité des sols. De même, tous étaient d’accord pour élaguer les arbres existants au lieu de les couper afin d’utiliser le bois autrement, et aussi de réduire les pesticides chimiques.
agroforesterie et compost
« Au début les gens me regardaient bizarrement quand j’ai planté 70 arbres dans mes champs de maïs ou de haricots, explique l’agriculteur Koumban Sampole. J’ai aussi remarqué que ces arbres protègent ma maison contre le vent. J’ai également arrêté de brûler les déchets végétaux et j’ai fait du compost à la place pour enrichir mon sol ». « Je donne les excréments de mon bétail (moutons, bœufs, chèvres) et de mes poules pour faire du compost à l'usage des agriculteurs », renchérit Sédi Kossi, éleveur, « et nous avons réussi à délimiter des couloirs de pâturage pour que nos bêtes n’abîment plus les cultures. » Les femmes, quant à elles, ont construit des foyers améliorés, permettant un mode de cuisson qui conduit à économiser le bois, ce qui freine le déboisement.
Aujourd’hui les changements sont visibles : l’agroforesterie et les composts ont permis d’enrichir le sol et d’accroître les rendements. « J’ai plus de récoltes qu’avant. C’est une fierté collective ! », confie l’agriculteur Koumba Sampole « Je remarque aussi que l’eau reste, sûrement grâce aux arbres qui ont poussé,. Elle ne ruisselle plus », explique Namiale Naffisa, engagée dans le projet.
Désormais, les habitants se rassemblent une fois par mois pour prendre des décisions ensemble sans la présence des ONGs partenaires. Ces rencontres ont ainsi permis d’apaiser les conflits entre éleveurs et agriculteurs. « Les villageois gagnent en autonomie. Les mentalités ont évolué, se félicite Jules Tone, de l'ONG Carto. Maintenant ils se disent qu’ils sont responsables du développement de leur village. »
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