À Auxerre, un Réveillon au bar solidaire
En décembre, la rue du Pont, à Auxerre, s’illumine de guirlandes suspendues et de décorations festives. Au numéro 70, "La Pause du Pont", le bar solidaire animé par le Secours Catholique, prend lui aussi des airs de fête.
19h30, les vingt invités sont là. Les « Joyeux Noël » fusent. Liliane, septuagénaire solaire, prend place auprès de Pierre, 79 ans. « Un des bénévoles est venu me chercher en voiture, explique-t-il. Cela me fait une sortie. Tout ce monde, ça fait chaud au cœur. Je vis seul et je ne vois plus personne. »
Abdallah et Daniel ne sont pas très loquaces. Sous leur assiette une enveloppe avec gommettes et ruban de papier translucide. Chaque convive est invité à construire un photophore avec ces outils. Chacun s’engage à découvrir sa créativité.
A l’autre bout de la table, Anita et Brigitte racontent combien elles aiment venir ici. « Ce soir, c’est un moment d’exception. Être tous ensemble dans l’esprit de Noël, c’est divin. » Près d’elles, Sylvie, venue avec trois de ses six enfants : Rose, Cheyenne et Maïly, 15,14 et 10 ans, qui papillonnent autour de leur mère « enchantée de pouvoir bien manger, jouer, chanter et rigoler ensemble. »
Les adolescentes hésitent entre foie gras, saumon fumé et terrine. Elles interrogent leur mère du regard. « Bravo à la cuisinière ! », lance un des gourmets quand le plat de résistance est annoncé. « Confit de canard ou suprême de poulet sur son lit de champignon », clame Jean-Yves.
Quand arrive la bûche, les voix s’échauffent, des chansons populaires fusent. Sergine, la cuisinière du jour, propose un supplément de bûche, Abdallah lève le doigt, esquisse enfin un sourire. Jean-Yves, quinquagénaire qui a passé la moitié de sa vie à la rue, sert le café et apostrophe chacun d’un mot amusant, puis distribue un petit cadeau de Noël à chacun.
Vers minuit, les bénévoles ont redonné au bar son allure habituelle, la vitrine de la Pause du Pont s’éteint comme un écran de cinéma, relayant aux mémoires le pouvoir de recréer la magie de Noël.