Birmanie : Venir en aide aux civils d’une crise oubliée

Chapô
Depuis le coup d’état militaire du 1er février 2021, la Birmanie est en guerre et les civils souffrent des affrontements et des bombardements. Un tiers des habitants ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Les partenaires du Secours Catholique s’engagent.
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Beaucoup d’espoir reposait sur Aung San Suu Kyi et son parti après le traumatisme de 50 ans de dictature militaire en Birmanie, appelée aussi Myanmar. Mais l’armée n’a pas accepté le verdict des urnes de novembre 2020 et a fait un coup d’État le 1er février 2021. Elle a aussitôt été confrontée à un mouvement de désobéissance civile puis à des groupes d’autodéfense armés. « Depuis, une guerre asymétrique fait rage entre d’un côté une armée expérimentée et de l’autre un mouvement révolutionnaire sous-équipé et divisé. Aujourd’hui des affrontements et des bombardements sont quotidiens et l’économie s’est effondrée », analyse Thaï Son Dao, en charge de la Birmanie pour le Secours Catholique.

1,8 million de déplacés

Alors que plus de 1,8 million de Birmans sont déplacés à l’intérieur du pays et que les combats ont fait officiellement 3 000 morts et 20 000 arrestations (des chiffres sûrement sous-estimés), on pense que plus d’un tiers des habitants du pays ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. « Dans les zones rurales touchées par les combats, de nombreuses personnes doivent quitter leurs maisons et se retrouvent sans eau, alimentation, abris, vêtements et écoles. Ils partent pour trouver un endroit plus sécurisé pour vivre, mais cela change sans cesse avec l’escalade de la violence », explique l’un des partenaires du Secours Catholique*. « Quant aux habitants des villes, ils ne font certes pas face aux combats, mais souffrent de lois martiales, de restrictions des libertés ainsi que des coupures d’électricité et de la hausse des prix. Rien qu’un paquet de riz coûte quatre fois plus cher qu’il y a deux ans », poursuit-il.

« C’est une politique de la terreur »

S’ajoute à cela le fait que les ONG ont des difficultés d’accéder aux zones reculées avec les checks points et les bombardements. « Les militaires veulent isoler le pays en coupant Internet et en censurant les médias. Ils bombardent les civils et multiplient les violences sans être vus par le reste du monde. Ils mènent une politique de la terreur. Leur stratégie consiste à pousser les gens à bout pour qu’ils arrêtent de soutenir les rebelles. Les Birmans souffrent de cette guerre », se désole une autre ONG.

Birmanie
Une mobilisation en Birmanie pour le retour à la paix. 

C’est pourquoi les partenaires du Secours Catholique agissent. Plus de 300 000 Birmans déplacés sont ainsi accompagnés et reçoivent des denrées alimentaires, des produits d’hygiène, des abris et de l’aide psychosociale car les troubles psychologiques sont nombreux. Les ONG forment également des habitants des zones rurales, à la fois des déplacés et ceux des communautés d’accueil, au maraîchage et à la gestion durable des ressources, pour permettre une bonne cohésion entre ces deux groupes. Un autre partenaire se concentre quant à lui sur la promotion d’une culture de la paix et le maintien d’un espace démocratique en formant les citoyens qui souhaitent s’engager.

Tous espèrent un réveil de la communauté internationale pour leur venir en aide. « Nous craignons un conflit qui dure sur de longues années », conclut un partenaire. Et que la Birmanie tombe définitivement dans l’oubli.

*Nous taisons ici le nom des organisations partenaires pour des raisons de sécurité

Lire aussi : Kachins, le conflit oublié de Birmanie

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Diego Azubel / MaxPPP
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Photographe
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