À Bordeaux, une « maraude » à vélo pour finir l’année en solidarité
C’est devant la statue du Lion bleu, qui trône fièrement face au pont de pierre, qu’Olympe, Olga et Sylvie se sont donné rendez-vous ce samedi matin. Pendant les deux heures à venir, elles prêteront une oreille attentive aux histoires des personnes qui vivent dehors et qu’elles vont rencontrer au fil de leur parcours en deux-roues. « La plupart d’entre elles ont subi des “accidents de vie“, indique Olympe Larue, animatrice au Secours Catholique. Elles vivent en rupture, sans aucune aide et ne souhaitent pas forcément faire la démarche pour y accéder. La solitude fait partie de leur quotidien. »
Avenue Thiers, Ludo est assis dans le renfoncement d’une porte d’immeuble. Âgé d’une quarantaine d’années, il s’est retrouvé à la rue après la faillite de sa société d’ambulance. Sa barbe blanche et son regard perçant lui prêtent des airs de vieux sage. « Nous le croisons toutes les semaines. Pour beaucoup de personnes sans abri, il est comme un grand frère : son rôle est fédérateur » confie Olga, lycéenne et bénévole. Le temps d’un café, Ludo motive la jeune femme pour ses révisions du Bac, avant de prendre des nouvelles de chacun, comme à son habitude.
« Notre maraude donne la priorité à la discussion. Nous voyons régulièrement les mêmes personnes, ce qui nous permet d’instaurer un lien de confiance », explique Olympe. En cette fin d’année, les bénévoles ont emporté avec eux des produits d’hygiène, des sous-vêtements ou encore des chocolats qu’elles distribuent aux personnes rencontrées. « L’idée est d’être dans l’esprit des fêtes et de montrer que l’on pense à eux », poursuit l’animatrice.
Des tentes et des cabanes de fortune parsèment les quais qui bordent la Garonne. Elles abritent des personnes migrantes dont la plupart viennent d’Afrique subsaharienne. Parmi elles, Oulaika, la trentaine. Arrivé en France il y a 12 ans, il profite de la venue des bénévoles pour se livrer sur sa situation familiale qui le tourmente. « Son ex-femme refuse qu’il voie ses deux filles. C’était un échange touchant, car c’est une personne timide qui ne demande rien à personne, confie Olympe. Je pense que notre visite lui a fait chaud au cœur. »