Continuer à apprendre le français pour sortir de l'isolement
Le futur simple, « c’est pour parler de l’avenir, de vos projets de voyages, par exemple, des pays que vous allez visiter », explique Olive, bénévole au Secours Catholique de l’Essonne, aux six élèves qui, en cet après-midi du mois d’avril, suivent le cours d’apprentissage du français.
À défaut de pouvoir se réunir, comme chaque semaine, dans les locaux de l'association, à cause du coronavirus, le groupe se retrouve, cette fois-ci, par écrans interposés pour une séance donnée via Meet, une application de vidéo-conférence. « Je suis très triste chez moi, je m’ennuie », confie Sherin, demandeur d’asile afghan âgé de 23 ans au reste du groupe.
Pour ces expatriés, loin de leur pays, de leur famille et de leur amis, le confinement agit comme une deuxième couche sur un sentiment d’isolement social déjà existant « du fait, notamment de la barrière de la langue », explique Daiana, jeune Brésilienne.
L’inquiétude des proches qui observent depuis l’étranger l’évolution de la situation en France est source de stress. « Ma famille m’appelle toute la journée pour me dire de ne pas sortir », témoigne Harshita, indienne étudiante en maths.
Parfois, c’est l’inverse. Paulina dit avoir très mal vécu, lors des premiers jours du confinement en France, le décalage qu’elle observait avec le Mexique où elle avait l’impression que le gouvernement et la population n’avaient pas pris la mesure du danger. « J’étais angoissée pour ma famille. »
Paulina
Dans ce contexte, le rendez-vous vidéo proposé par l'équipe d'apprentissage du français du Secours catholique de l’Essonne est comme un bol d’air. « À force de vivre recluse, j’oublie que je ne suis pas la seule dans cette situation, confie Paulina, avec un brin d’autodérision. Voir les autres et constater que tout le monde vit la même chose, cela fait du bien psychologiquement. »
Tous confirment. « Au moins on continue d’avoir une vie sociale. Et puis aujourd’hui, j’ai pu parler le français », ajoute Daiana. Pratiquer la langue pour ne pas rompre la dynamique d’apprentissage, « c’est très important », souligne Zadran, lui aussi demandeur d’asile afghan. Car « si tu veux travailler, te faire des amis, ou même seulement pour faire tes courses ou tes démarches auprès de l’administration, il faut pouvoir t’exprimer dans la langue du pays où tu vis », explique le jeune homme de 25 ans. Progresser en français pour rompre l’isolement, Zadran pense déjà à l’après confinement. La première chose qu’il fera ? « Avec mes amis, nous préparerons à manger et nous ferons la fête ! »