Dans l’Orne, tous à vélo !

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À Athis-de-l’Orne, en Normandie, l’équipe bénévole du Secours Catholique répare des vélos pour les mettre à disposition d’habitants ayant de faibles ressources, et sensibilise à ce mode de transport doux pour la planète.
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Chacun autour d’un support permettant de surélever la bécane, Benoît et Mathieu, bénévoles, peaufinent leur travail. Mathieu nettoie une petite bicyclette orange vif dont il a changé les freins, tandis que Benoît applique du dégrippant sur le dérailleur d’un VTT junior. L’atelier vélo du Secours Catholique d’Athis-de-l’Orne a - sans jeu de mot - pignon sur rue : il se déroule tous les mardis et samedis matin, dans la cour le plus souvent. À l’intérieur du local, de nombreux deux-roues sont stockés, dans l’attente d’une seconde vie.

« Depuis le démarrage il y a trois ans, nous avons récupéré plus de deux cent vélos, et nous en remettons en circulation une trentaine par an », explique Jean-Michel. C’est lui qui a initié l’activité, d’abord dans son propre garage. « L’idée est venue en réponse à un besoin, retrace-t-il. Pendant le Covid, une dame n’avait plus les moyens de mettre du carburant dans sa voiture. Elle avait un vieux vélo ; je lui ai proposé de le réparer. Ça a commencé comme ça. »

Une voiture s’arrête devant la cour : Françoise et Didier, habitants de la commune, sont venus déposer un vélo que leur petit-fils n’utilise plus. « C’est une action facile, de proximité, pour aider des personnes qui n’ont pas les moyens », témoigne Françoise, en remettant la bicyclette à Benoît. « Ici, on manque de transports publics, alors le vélo, ça donne une indépendance », commente ce dernier.

C’est bon pour la nature

Casque sur la tête, Jean-Luc, qui vit à 12 km de là, arrive au guidon de son deux-roues quasi neuf. Ce quinquagénaire à la crinière blanche bénéficie depuis quatre mois du prêt de vélo mis en place par l’équipe du Secours Catholique. « Je suis en recherche d’emploi, mais pour trouver, il me faut un véhicule, témoigne-t-il, précisant qu’il est encore à trois ans de la retraite. J’avais une voiture, mais j’ai déjà eu 2500 euros de frais de réparation dessus, et maintenant, c’est la pompe à injection… c’est trop. » 

Jean-Luc est en train de monter un dossier de microcrédit afin de pouvoir racheter une voiture d’occasion. En attendant, il pédale, et se montre philosophe : « C’est une détente pour les jambes, ça fait du bien à la tête. Et on voit les paysages autrement » . Une autre manière de formuler le slogan de l’atelier vélo que Jean-Michel affiche fièrement : « À pied ou à vélo, je me fais du bien, et c’est bon pour la nature » . 

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Les bénévoles de l'atelier vélo
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Le Secours Catholique d’Athis-de-l’Orne réunit une douzaine de bénévoles, partagés entre la permanence d’accueil - écoute (il a lieu dans un bureau, au sein du local, et il accompagne dans leurs difficultés financières environ 25 personnes par an) et l’atelier vélo. « On compte pas mal d’actifs dans l'équipe », souligne Jean-Michel. À l’instar de Justine, 34 ans, organisatrice de mariages, qui consacre une matinée par semaine à son bénévolat.

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Justine essaie un vélo
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Mère de deux jeunes enfants, Justine s’implique en particulier dans les actions de sensibilisation aux mobilités douces, menées notamment auprès des enfants d’une école primaire de la commune. Quizz sur l’écologie, apprentissage de l’autoentretien de son vélo, sensibilisation aux vertus du déplacement à deux-roues… « Les enfants en parlent à leurs parents, ça peut enclencher des changements d’habitude », espère Justine qui conduit ses propres enfants à l’école à bicyclette. « Petit à petit, on est de plus en plus de parents à le faire ! »

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Mathieu en train de réparer un vélo
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« À la base, je suis assez bricoleur, mais je savais juste changer une chambre à air. Au fil du temps, j’ai appris à faire les petits réglages. » Mathieu, 43 ans, en recherche d’emploi, prend plaisir à mettre les mains dans le cambouis, les mardis et samedis. Il y a quatre ans, avec sa compagne Angélique, il a frappé à la porte du Secours Catholique qui les a aidés à surmonter une difficulté financière. Depuis quelques mois, tous deux sont devenus bénévoles. Et ont bénéficié de vélos, pour eux et leur fille. « Jusqu’à maintenant, je prenais la voiture même pour de courtes distances, reconnaît Mathieu. Désormais, je vais faire l’effort d'utiliser le vélo, par exemple pour aller à la pêche. Ça fait faire de l’exercice physique, et puis quand on a des enfants, on s'inquiète forcément pour l’avenir de la planète. »

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Don d'un vélo par un habitant
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L’atelier d’Athis-de-l’Orne récupère principalement des vélos auprès des particuliers, par le bouche-à-oreille. Dernièrement, un magasin de réparation ayant fermé a fait don de son stock d’une trentaine de bicyclettes. Des pièces sont également données gratuitement par un réparateur local. Par ailleurs, grâce à une subvention départementale récompensant l'innovation, l’équipe devrait bientôt faire l’acquisition de ses premiers vélos électriques d’occasion. 

Les heureux bénéficiaires des vélos remis en état (don ou prêt sans date de retour, selon la situation) sont divers : personnes en besoin de mobilité orientées par les antennes du Secours Catholique des villes voisines, jeunes de la Mission locale, association d’insertion… Un lot est parti beaucoup plus loin, au Burkina Faso, via un partenariat local. 

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Jean-Michel, référent de l'atelier vélo
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Jean-Michel s’est engagé au Secours Catholique au lendemain d’une rupture conventionnelle, à l’âge de 56 ans. Il avait du temps, l’envie d’aider, et un talent certain pour mettre en mouvement les bonnes volontés autour de lui. « Ce sont mes petites-filles qui sont à l’origine de mon engagement écologique », explique-t-il. À elles, je veux pouvoir dire que j’ai fait ce que j’ai pu. » Le vélo est ainsi devenu  « central » dans ses déplacements personnels. Une  « sobriété choisie » - il en est conscient - qu’il relie, grâce à l’atelier, à la  « sobriété subie » vécue par d’autres, bénévoles ou personnes en difficulté rencontrées. Une de ses fiertés : le jeune Ibrahima, d’origine guinéenne, à qui il a réparé son vélo aux débuts de l’atelier.  « Aujourd’hui, il a une voiture, mais il continue de prendre son vélo pour aller travailler ».

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Nom(s)
Clarisse Briot
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Roberta Valerio
Fonction(s)
Photographe
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