En Colombie, le Cinep défend les populations chassées de leurs terres

Chapô
En Colombie, le Secours Catholique soutient l’initiative de l’ONG Cinep dans sa défense des populations autochtones chassées de leurs terres et spoliées de leurs droits. L’arrivée au pouvoir d’un nouveau président ravive l’espoir d’une société en voie de pacification.
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Texte
Une femme et son enfant

Le Centre d’investigation et d’éducation populaire (Cinep), créé en 1972 par la Société de Jésus de Colombie, défend des populations autochtones expulsées de leurs territoires par des groupes armés pour le compte des industries minières ou forestières. Depuis plusieurs décennies, des communautés entières ont été détruites, une grande partie de leurs populations tuée, l’autre partie privée de ses droits.

Ces six dernières années, le Cinep a accompagné quelque 100 000 personnes. « Le simple fait de générer un processus d'exigibilité des droits devant différentes instances juridiques est une grande réussite, se félicite Juan Pablo Guerrero Home, directeur-adjoint du Centre. Cela signifie que les demandes sont entendues, rendues visibles. Toutefois, les obstacles sont nombreux, notamment les menaces des personnes mises en cause. »

Le Cinep propose tout un éventail d’aides et d’accompagnement pour obtenir justice et réparations devant les tribunaux. Disposant aujourd’hui de 80 salariés (dont 50 chercheurs) et 800 collaborateurs bénévoles sur tout le territoire colombien, les équipes itinérantes du Cinep recueillent les doléances, compilent les preuves des spoliations et les témoignages des victimes pour nourrir les dossiers, revendiquer les droits de ces communautés et encourager les pouvoirs publics à opérer un changement social.

Les femmes des victimes d’expropriation n’ont pas de titre de propriété à leur nom, il leur est beaucoup plus difficile de récupérer la terre de leurs ancêtres. Nous leur apportons donc une aide encore plus appuyée.
Martha Luci Marquez Restrepo, directrice du Cinep

« Grâce à ce travail d'accompagnement juridique, le Cinep a obtenu pour les victimes des mesures de protection préventive, des compensations économiques ou symboliques, et même le pardon des signataires des accords de paix pour les crimes commis », précise Martha Luci Marquez Restrepo, directrice du Cinep, qui souligne qu’un des programmes du Cinep, financé par le Secours Catholique, s’attache particulièrement aux femmes victimes. « Les femmes des victimes d’expropriation n’ont pas de titre de propriété à leur nom, explique-t-elle, et il leur est beaucoup plus difficile de récupérer la terre de leurs ancêtres. Voilà pourquoi nous leur apportons une aide encore plus appuyée. »

Depuis les accords de paix passés en 2016 entre le gouvernement colombien et la principale guérilla colombienne (Farc-Ep), le Cinep est une des ONG chargées de veiller à l’application de ces accords. Un premier pas vers une paix que devrait encourager l’avènement de Gustavo Petro, président du pays depuis août 2022. « C’est notre premier président de gauche, affirme Juan Pablo Guerrero Home. Tout en gardant notre indépendance, nous sommes bien décidés à l’aider à faire advenir la paix en Colombie. »

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
Nom(s)
Xavier Schwebel
Fonction(s)
Photographe
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