En Haute-Vienne, un transport solidaire pour les personnes isolées
Ce jeudi matin du mois de septembre, assise dans un couloir du Centre hospitalier Saint Junien, en Haute-Vienne, Marie-Pierre, 62 ans, attend patiemment que Marie-France, de six ans son aînée, termine son rendez-vous avec le médecin. Elle a proposé à cette dernière de lui garder son sac et son manteau, le temps de la consultation. Les deux femmes qui habitent Bellac, à une trentaine de kilomètres, ne sont ni sœurs ni amies… D’ailleurs, elles ne se connaissent que depuis à peine une heure.
Marie-Pierre est conductrice bénévole. Elle et Marie-France sont entrées en contact via la plateforme téléphonique MSO, créée par le Secours catholique local, qui propose aux habitants du Pays du Haut Limousin un service de transport solidaire. Le principe : mettre en lien, pour les besoins d’un déplacement, des personnes non véhiculées avec d’autres prêtes à les emmener.
« Ici, le premier commerce, médecin ou service administratif, la première gare… peuvent facilement se trouver à au moins dix kilomètres de chez soi. Il n’y a pas de transport collectif. Et les quelques taxis qui exercent font essentiellement de longs trajets vers l’hôpital à Poitiers ou Limoge », explique Jérôme Ledauphin, l’un des coordinateurs de MSO. Fin septembre, la plateforme comptait 370 inscrits, et les bénévoles avaient effectué 151 trajets depuis le début du mois.
Ici, il n’y a pas de transport collectif.
À Saint-Junien, Marie-France est ressortie du bureau du médecin. Elle et Marie-Pierre regagnent la citadine grise foncée de la bénévole garée sur un parking avoisinant. Puis, direction Bellac. Dans la voiture, on parle potager et animaux domestiques. Ces temps de transports sont aussi des moments de rencontre. C’est d’ailleurs pour cela que Marie Pierre s’est engagée bénévolement. Cette ancienne psychologue en milieu scolaire n’hésite pas à confier le sentiment de solitude qu’elle peut éprouver depuis qu’elle est à la retraite.
À 12h30, Marie-France est déposée devant chez elle. Elle remercie chaleureusement sa chauffeuse du jour. « Je ne sais pas comment j’aurais fait autrement », dit-elle. La sexagénaire n’a pas le permis. Depuis la mort de son mari, c’était sa sœur ou son fils qui la véhiculait pour ses rendez-vous médicaux, pour aller faire des courses ou se rendre au cimetière situé dans une commune voisine. Mais tous deux sont décédés en janvier et juillet derniers. Depuis, elle est isolée.
bons de mobilité
« Avant de connaître le transport solidaire, j’avais un rendez-vous au CHU de Limoges pour faire des tests cardiaques. Je n’ai pas pu y aller. Trop cher », confie-t-elle. La matinée avec Marie-Pierre lui aura coûté 6 euros, soit 10 centimes par kilomètres. Le tarif habituel pour défrayer le chauffeur bénévole est de 30 centimes par kilomètre, mais la retraitée bénéficie d’un tarif réduit grâce au soutien financier de la mairie de Bellac qui achète des bons de mobilité à la plateforme, à 50 centimes du kilomètre, puis les redistribue aux ménages précaires qui en font la demande.