En Ukraine, 3 ans de guerre, 3 ans de soutien aux populations

Les Ukrainiens font actuellement face à leur quatrième hiver en temps de guerre. Avec des températures pouvant frôler les -20°, ils sont confrontés au froid alors que l’approvisionnement en gaz et en électricité est compliqué : d’après le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), 60 % des infrastructures énergétiques ont été détruites par la guerre.

La détérioration de la situation sécuritaire en 2024 et l’avancée des forces russes ont aussi poussé de nouvelles personnes sur les routes de l’exil. On estime aujourd’hui que 3,6 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, sans compter les 6,3 millions de réfugiés à l’étranger.

« Avec la stagnation de la guerre et le manque de nouvelles positives, les Ukrainiens sont fatigués et épuisés. La situation économique est catastrophique, les suppressions d'emplois massives. L’OCHA, le bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires, parle de 9 millions de personnes qui ont basculé dans la pauvreté », analyse Asyl Tursunbekova chargée de projet Urgences en Ukraine pour le Secours Catholique.

Depuis trois ans, l’association soutient ses partenaires sur place, notamment ses deux maisons sœurs (Caritas Ukraine et Caritas Spes Ukraine qui reçoivent 60 % de l’aide du Secours Catholique), pour agir dans tout le pays, aussi bien dans les zones proches du front que dans les zones situées à l’ouest. 

« Les besoins sont urgents en matière de solutions d’hébergement, soutien financier ou psychosocial, services de santé ou d’éducation, etc. Et malgré l’aide de milliers d’ONGs humanitaires, toutes les personnes dans le besoin ne sont pas atteintes, en particulier les plus vulnérables comme les mères célibataires, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées… Il est dans l’ADN des Caritas d’aider ces personnes dans le besoin et cela nous permet de conserver notre visage humain », témoigne Tetiana Stawnychy, présidente de Caritas Ukraine.

Santé mentale

Le Secours Catholique soutient donc Caritas Ukraine ou Caritas Spes Ukraine, via le réseau Caritas Internationalis et des projets bilatéraux, pour apporter une aide d’urgence aux civils et leur distribuer nourriture, argent, couvertures, kits d’hygiène etc. Mais au-delà de l’aide matérielle, l’association veille aussi à apporter une aide psychosociale pour panser les traumatismes de guerre des Ukrainiens. 

Deux approches qui sont complémentaires. « Les attaques d’artillerie, les coupures d’électricité et la détresse économique : tout cela fait que les Ukrainiens ne se sentent pas en sécurité, la fatigue se fait sentir et les problèmes de santé mentale s’accumulent », note Tetiana Stawnychy. D’après l’Unicef, plus de 10 millions de personnes souffrent de troubles psychiques et d’anxiété en Ukraine, et parmi elles, 1,5 millions d’enfants. 

C’est pourquoi, avec le soutien du Secours Catholique, Caritas Ukraine a mis en place des programmes pour les enfants et leurs parents s'appuyant sur l’art-thérapie ou le jeu. Caritas Spes Ukraine leur propose des vacances d’été en Croatie. Un centre pour enfants et jeunes adultes en situation de handicap sévère ainsi que pour leurs aidants a été réhabilité à Zhytomyr. 

Ce centre leur fournit des services de rééducation sur mesure, permet de recréer du lien au sein des familles et de développer des réseaux de soutien. Autre partenaire du Secours Catholique : Voices of children, une ONG locale qui a soutenu professeurs et écoliers dans la région de Chernihiv, proche de la Russie. Le Secours Catholique est aussi venu en aide aux personnes âgées fragiles, via TLU, une autre ONG locale, pour éviter qu’elles ne soient isolées et démoralisées.

RÉSILIENCE

À l’aube de la quatrième année de guerre, l’association compte poursuivre son soutien à ses partenaires locaux pour agir à la fois sur le plan matériel et celui psychosocial, d’autant que certains redoutent une baisse des financements humanitaires en raison de la durée du conflit. « Il nous faut être agile selon le contexte sur place. Si la guerre s’arrête, il va falloir aider à la reconstruction. Si l’usure s’installe, il va falloir agir encore sur le plan de la santé mentale. À nous de nous ancrer sur le terrain via nos partenaires et de travailler à la résilience des populations », explique Mickael Testa, responsable du pôle Urgences internationales au Secours Catholique.

Permettre aux Ukrainiens de répondre eux-mêmes aux urgences leur permet d'être acteurs de la situation, comme en témoigne cette expérience de Caritas Spes Ukraine qui a monté des groupes de bénévoles un peu partout dans le pays. Ainsi, à Kiev, ces derniers ont cuisiné et distribué des repas chauds aux personnes sans abri de la ville.