En Vendée, un repas au « Fraternibus » pour « retrouver du lien social »
C'est un camping-car un peu particulier qui éveille Nesmy en fin de matinée, passant tour à tour devant l'église, le coiffeur, et le petit supermarché qu'abrite ce village vendéen. Depuis environ deux ans, ce "Fraternibus", structure mobile d'accueil et d'écoute du Secours Catholique, sillonne les routes du département. Le but : tenter de créer du lien social dans certains endroits ruraux isolés, et « proposer des moments, gratuits, de convivialité », explique Anne Zagli, animatrice et conductrice du camping-car. Les mots « échanges, rencontres, partages » s'affichent fièrement sur sa carrosserie.
Cette devise, quelques habitants se la sont appropriée. Ce mardi 27 juin en fin de matinée, ils retrouvent le "Fraternibus" sur une aire de pique-nique aux abords de Nesmy. Ensemble, ils préparent un couscous en plein air, un repas à partager auquel sont conviés d'autres personnes du village. Parmi eux, Alain hume avec gourmandise l'odeur de menthe qui se dégage d'une casserole avant de se joindre à la tablée déjà installée. « C'est l'occasion de sortir de chez moi, de voir du monde », confesse celui qui se décrit pudiquement comme « assez solitaire ».
Après le repas, la petite équipe part se garer dans Nesmy, à sa place habituelle : sur la place centrale du village, près de la mairie et d'un lieu de distribution alimentaire du centre d'action sociale. Au fil des mois, certains bénéficiaires de cette distribution ont proposé leur aide pour animer le lieu mobile. Evelyne en fait partie. C'est elle qui a eu l'idée des repas partagés en plein air. « J'adore cuisiner, alors c'était une manière de le faire dans le partage. Prendre des initiatives avec le "Fraternibus" m'a permis de retrouver du lien social », explique-t-elle.
Sur la place du village, Anne et les bénévoles installent quelques tables devant le camping-car, et proposent aux habitants qui passent un café, un thé, un moment de discussion. Certains habitués se joignent rapidement à la petite bande. « Je peux rencontrer des gens qui ont des parcours similaires au mien, je me sens moins isolé », explique Yann, qui vient à la distribution alimentaire « depuis quelques mois ».
Un peu en retrait, un homme s'approche timidement. « Un café monsieur ? », lui propose-t-on gentiment. Il hésite, fait non de la tête, enfoui sous une casquette blanche. Finalement, il prendra bien « un verre d'eau ». Il ne vient pas à la distribution alimentaire depuis longtemps. « Je travaille, mais ça ne suffit pas, j'ai besoin d'un peu d'aide », souffle-t-il. « Pour l'instant, je suis un peu gêné par cela, mais je crois que je reviendrai », poursuit-il en souriant avant de prendre congé.