À Gaza, « la malnutrition a des conséquences irréversibles sur les enfants »

Chapô
Partenaire du Secours Catholique, NEEC fournit des soins de santé d’urgence et une aide à l’achat de produits de première nécessité à des Gazaouis très vulnérables. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, la population peine à se nourrir et à se soigner, avec des conséquences durables sur la santé.
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À Gaza, « la malnutrition a des conséquences irréversibles sur les enfants »
© Caritas Jérusalem

Du fait des attaques de l’armée israélienne contre la bande de Gaza depuis le 7-Octobre, « le système de santé s’effondre », déplore Bassam Abu Hamad, professeur en santé publique à l’université Al-Quds (Gaza) et consultant pour les programmes de santé du Near East Council of Churches (NECC). Cette organisation œcuménique est partenaire du Secours Catholique depuis 2015. 

Près de 70 % du bâti a été détruit et les services de santé sont régulièrement pris pour cible. Des dizaines des centres de soin et d’hôpitaux sont hors service. En outre, d’après le ministère de la Santé palestinien, plus de 1 500 soignants ont été tués à Gaza. Lorsqu’il n’y a pas de centre de santé à proximité, pas de véhicule pour se rendre à l’hôpital, pas d’argent pour l’essence et que les bombardements rendent les déplacements particulièrement dangereux, les plus précaires renoncent aux soins. 

Un grand nombre de femmes décèdent pendant leur grossesse, soit par manque de soins, soit du fait de blessures liées à la guerre.

Pour les personnes atteintes de maladies chroniques, les enfants et les femmes enceintes, les conséquences sont dramatiques. Beaucoup de femmes n’ont ni suivi médical pendant la grossesse, ni soin pendant et après l’accouchement, accroissant la mortalité infantile. « Un grand nombre de femmes décèdent pendant leur grossesse, soit par manque de soins, soit du fait de blessures liées à la guerre », regrette Bassam Abu Hamad.   

NECC, qui emploie 150 personnes à Gaza, propose des soins d’urgence via une équipe mobile et dans ses centres de santé, à Gaza City et dans le sud. « Notre partenaire propose aussi des soins psycho-sociaux à des enfants », explique Juliette Delhomme, chargée de projets Urgences au Moyen-Orient au Secours Catholique. Il s’agit surtout d’activités ludiques pour ceux vivant dans des camps de déplacés. « Cela leur permet de retrouver une part d’enfance malgré la guerre, le temps d’une après-midi. » Mais « les soins médicaux peuvent s’arrêter à tout moment, déplore Juliette Delhomme. Dès qu’un danger immédiat ou une menace se présente, NECC suspend le travail de ses cliniques mobiles. »

Titre de la strate

À Gaza, un désastre humanitaire pour les enfants

Chiffres clés
Chiffre
92 %
Description
des enfants de 6 à 23 mois et des femmes enceintes et allaitantes ne satisfont pas leurs besoins nutritionnels selon les Nations unies.
Chiffre
65 %
Description
des enfants présentent un état dépressif ou une anxiété sévère, d'après NECC.
Chiffre
56 %
Description
d’entre eux souffrent de troubles de stress post-traumatique, selon NECC.
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À cela s’ajoutent des pénuries sévères d’aliments et d’eau. Entre septembre et octobre 2024, environ 1,84 million de personnes (sur 2,2 millions) étaient confrontées à un niveau d’insécurité alimentaire aiguë selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire des Nations unies. Celui-ci annonçait des risques de famine à Gaza entre novembre 2024 et avril 2025 en cas d’intensification du conflit. « La malnutrition a des conséquences irréversibles sur les personnes fragiles, notamment les jeunes enfants, explique Bassam Abu Hamad. L’anémie affecte leur développement cognitif et ils risquent davantage de souffrir d’infections. » 

Risque de famine

Dans ce contexte de pénurie, NECC a soutenu depuis juillet 2024 plus de 1100 familles vulnérables en leur donnant 1000 shekels (environ 247 €) pour se procurer des produits de première nécessité. Ahmad, 35 ans, sa femme et leurs cinq enfants ont, grâce à cette aide, acheté de l’huile, du blé, du sucre, des haricots et des pois cassés en conserve, du gaz pour cuisiner. La famille, dont le logement a été détruit, s’est réfugiée dans le camp de Nuseirat. 

Début mars 2025, Israël a fermé tous les points de passage permettant l’entrée de denrées alimentaires et de matériel médical à Gaza, aggravant la crise humanitaire et le risque de famine. Il n’y a plus ni viande ni poisson sur le marché. On dénombre plus de 50 600 morts et plus de 115 000 blessés à Gaza depuis le début de la guerre, dont une majorité de femmes et d’enfants. Des chiffres qui continuent de croître depuis que l’armée israélienne a rompu le cessez-le-feu le 18 mars. 

Crédits
Nom(s)
Aurore Chaillou
Fonction(s)
Journaliste
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