Khalida, Yvon et Victor ont rencontré le pape François
« J’en ai encore la chair de poule. » Venue d’Alger chercher à Marseille un nouveau départ, Khalida, 49 ans, fait partie des chanceux qui ont rencontré le pape François à l’automne 2023. Sortie gagnante du tirage au sort effectué par le Secours Catholique au sein des volontaires, elle qui pensait voir François « parmi une foule immense au Vélodrome » se retrouve face à lui « dans un endroit très modeste », chez les sœurs missionnaires de la Charité. « J’avais préparé la rencontre comme une enfant : j’avais mis mes plus beaux vêtements », raconte en riant Khalida. « Je n’ai rien préparé », lâche au contraire Yvon, 63 ans, cuisinier à la retraite, installé à Gréasque, dans l’arrière-pays provençal. Au moment du tête-à-tête avec François, il se souvient d’avoir ressenti « une grosse émotion. Le voir une fois dans ma vie, c’était fort ».
Victor, 49 ans, a pu « par miracle » assister à la rencontre non pas seul, mais avec sa femme et son fils de six ans. « On s’est tous les trois retrouvés à un mètre du pape, c’était impressionnant, relate-t-il. J’avais préparé plein de choses à lui dire, mais avec le trac, j’ai tout oublié. » Le père de famille, qui a quitté son pays, la Colombie, en 2022, n’en revient toujours pas : « Rencontrer un pape sud-américain, c’était inespéré. Il a fallu que l’on arrive en Europe pour que le pape vienne à nous ! » Victor et sa famille ont traversé des épreuves, mais jamais perdu la foi. « Elle est un guide sur un chemin très difficile, confie-t-il. Depuis que l’on a quitté la Colombie, Dieu nous a tenu la main. » La famille a depuis obtenu le statut de réfugiés.
J'ai enveloppé le Coran dans un beau foulard, et le lui ai offert.

De confession musulmane, Khalida cherchait un présent symbolique à remettre au pape. « J’ai regardé autour de moi, et mes yeux se sont posés sur le Coran. Je l’ai enveloppé dans un beau foulard et le lui ai offert, raconte-t-elle. Pour moi, c’est comme offrir la paix et la sérénité, et dire au chrétien qui le reçoit : nous sommes pareils. Un Dieu nous unit, nous l’avons en partage. »
Quand Khalida regarde les photos d’elle à l’issue de la rencontre, elle trouve son visage « lumineux, apaisé ». « Pour moi, j’ai été bénie par le pape », estime-t-elle, ajoutant qu’elle aime entrer dans les églises autant que dans les mosquées. Yvon, qui n’a pas connu ses parents et a été élevé en foyers avant de fuir et de se retrouver seul, à la rue, à 14 ans, le répète : « Il faut croire. » « Sur mon banc, je levais la tête et je me disais : il faut que je m’en sorte. Ça a marché. Un restaurateur m’a pris sous son aile. Et aujourd’hui j’ai une femme, et je suis grand-père. Il faut garder l’espoir. »