La solidarité en boutiques
« Entrez, entrez ! » nous invite David depuis l’autre côté de la rue du Bourg-l’Abbesse où nous attendions sagement 10 heures, l’heure d’ouverture de la boutique solidaire de Villedieu-les-Poêles, dans la Manche.
La grande vitrine du Secours Catholique éclaire la salle où sont exposés vêtements et accessoires en vente. « Ici nous invitons nos clients à prendre un café, qu’ils aient ou non acheté quelque chose, explique David. Nous sommes surtout un lieu de rencontre et d’échange. »
Tout comme David et Karine, les personnes en charge des boutiques solidaires du Secours Catholique sont des bénévoles. La plupart ont été clients et savent ce qu’est la précarité.
« Pourtant, beaucoup venaient pour discuter. À Villedieu, il y a beaucoup d’isolement, de personnes seules. Quand l’idée de créer une vraie boutique s’est imposée, un espace d’accueil y a été inclus. » explique Apolline, animatrice au Secours Catholique.
Cet espace d’accueil est un des 15 critères requis pour obtenir le label “Boutique solidaire du Secours Catholique”. Fin 2018, il y avait 37 boutiques solidaires labellisées en France.
A Villedieu, David évoque « 80 familles intégrées sur le territoire : Syriens, Tchadiens, Afghans. Tous viennent ici deux ou trois fois par mois pour s’habiller. Pour 3 euros, ils ont un manteau. Rien ne leur est imposé, ils ont le choix. Ils repartent avec le sourire. »
Écouter, conseiller, orienter. Trois verbes qui reviennent, à Villedieu et ailleurs. « Ces boutiques doivent devenir à terme des lieux de stabilisation, de reprise de confiance en soi », explique Guillaume Alméras, responsable du département Emploi et économie solidaire au Secours Catholique.
Point commun à toutes ces boutiques, le prix des vêtements y est toujours modique. « Symbolique » ajoute David, qui en profite pour expliquer la chaîne d’approvisionnement.
« Les vêtements donnés sont remis à une entreprise de réinsertion, l’Afere1 de Coutances, qui fait du recyclage. C’est elle qui trie, lave, nettoie et répartit les vêtements recyclés selon les filières. À nous ensuite de les présenter en boutique, les étiqueter et les vendre. »