À l'Accueil bébé d'Avignon, les mamans font une pause
« Le plus dur au début a été de faire comprendre aux mamans que nous n’étions pas juste une boutique solidaire, qu’elles pouvaient s’arrêter plus de cinq minutes », explique Anne, 47 ans, sage-femme de profession et responsable de l’équipe bénévole de l’Accueil bébé d’Avignon. Le lieu a été ouvert par le Secours Catholique en 2016 dans le quartier populaire de Champfleury. Si les familles en difficulté financière peuvent y trouver des vêtements et y acheter des couches, du lait maternisé et des petits pots à des prix intéressants, l’endroit a avant tout été conçu comme un espace d’accueil et d’écoute. « Les murs ont été repeints en blanc et en framboise pour rendre les locaux plus conviviaux. Une pièce a été aménagée pour que les enfants puissent jouer, une autre pour que les mamans puissent allaiter ou changer leur bébé tranquillement, énumère Anne. Nous proposons aussi des activités. »
Yvette, 24 ans, est une fidèle du lieu depuis son ouverture. C’est l’assistante sociale qui lui en avait parlé à l’époque. Sans ressources, elle cherchait de la nourriture et des vêtements pour son fils Alvin. Aujourd’hui, elle touche une pension et se fournit ailleurs en vêtements, couches et biens alimentaires. Elle continue à venir malgré tout, par plaisir. « J’aime bien, dit-elle. Ici je peux d’échanger avec d’autres mamans. On parle des enfants, de l’éducation, de la vie de tous les jours. Et ça fait du bien de voir du monde. »
C’est aussi ce qui motive Haouray, 33 ans, mère célibataire de trois enfants. « Je ne connais personne à Avignon. Ça me permet de ne pas me retrouver seule chez moi. » Pour beaucoup de femmes du quartier, assure Amina, 58 ans, bénévole à l’Accueil bébé, « la journée se résume à faire le ménage, changer les couches, aller déposer et chercher les enfants à l’école, s’occuper du mari le soir… Pour elles, venir ici les mardis et jeudis matin, c’est l’occasion de s’échapper un peu. Elles attendent ce moment toute la semaine. »
Au chômage, comme le père de son enfant, Belinda, 24 ans, a du mal à trouver une place en crèche. « Nous ne sommes pas prioritaires. » Du coup, explique-t-elle, « ici, c’est le seul endroit où mon fils joue avec d’autres enfants et n’est pas collé à moi ». Elle considère que c’est important pour lui comme pour elle : « Ça lui apprend à être une peu autonome. Et moi, je peux décompresser. » Parmi les activités proposées par l'Accueil, celle que Belinda préfère, c’est l’atelier manucure animé par Georgina. « C’est un moment où je peux prendre soin de moi », apprécie la jeune femme. Et de préciser, en souriant : « Ce qui n’arrive pas souvent. »