Le lourd fardeau de la rentrée pour les familles en précarité
« La rentrée, c'est très compliqué ! », lâche Naïma. Elle est arrivée d'Algérie il y a quatre ans avec son mari et ses enfants, aujourd'hui âgés de 2 et 8 ans. « On est en situation irrégulière, on ne peut pas travailler comme on le voudrait, même si mon époux trouve des missions ponctuelles en mécanique », explique la mère de famille. « Alors les fournitures, le cartable, les vêtements, les tenues de sport, la cantine, les activités extra-scolaires... Ça fait beaucoup de choses d'un coup ! » Son fils, Chabane, entre en CE2. « Il n'est pas question de l'envoyer à l'école sans fournitures. Je veux le meilleur pour lui. »
Entre le 10 juillet et le 4 septembre, la délégation du Secours Catholique de Seine-Saint-Denis a ouvert sept boutiques éphémères dédiées à la rentrée, dans plusieurs villes du département. Objectif : lors d'une journée spéciale, proposer aux familles accompagnées d'acquérir des fournitures neuves, de qualité, à tout petit prix, notamment pour celles qui ne bénéficient pas de l'allocation de rentrée scolaire.
« C'est comme en grande surface sauf que c'est à notre portée », observe Naboundou, qui attendait ce 4 septembre avec impatience. « Mes filles sont en CE2 et en 5e et elles avaient hâte d'avoir tout ce qui est demandé sur la liste, d'être comme les autres élèves. » Originaire de Côte d'Ivoire, Naboundou travaille comme aide-ménagère. Elle ne reçoit aucune aide de la CAF et son seul petit salaire - irrégulier qui plus est - ne suffit pas à faire face à tous les frais de la rentrée. Hébergée dans un hôtel social, elle se bat pour que ses filles puissent étudier dans de bonnes conditions.
En privilégiant la formule "boutique" plutôt qu'un colis préparé, permettant ainsi aux familles de choisir ce qu'elles souhaitent, l'équipe du Secours Catholique du 93 a rencontré le succès et répondu aux besoins des parents. « Cet été, je suis allée regarder les prix des stylos, cahiers, tubes de colle, classeurs et autres dans les magasins, j'ai parcouru les catalogues publicitaires déposés dans la boîte aux lettres, j'ai comparé les tarifs d'une enseigne à une autre... Tout était plus cher qu'ici », raconte ainsi Diamo, mère de deux filles de 9 et 14 ans. « Quand on n'a aucun sous de côté, zéro marge de manœuvre, on est obligé de tout regarder, de tout calculer. » Alors chaque petite économie compte.