Liban : Beit Salam, un lieu qui cultive la paix et la sororité

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À Tripoli, Beit Salam, un centre ouvert par Hope, une ONG libanaise de défense de la paix civile, abrite les activités de femmes issues de communautés différentes. Un moyen de désamorcer les tensions intercommunautaires qui ravagent cette ville pauvre du Liban.
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« Un lieu vivant avec beaucoup de rires, des disputes, des moments de convivialité autour de repas partagés. Un espace sûr où elles peuvent se retrouver ». C’est ainsi que Aïda, directrice de Hope, une ONG libanaise dont la mission principale est la consolidation de la paix dans le pays, décrit le centre communautaire Beit Salam (« La maison de la paix »).

Le centre a ouvert ses portes en août 2022 à Tripoli, la grande ville au nord du Liban, laminée par la pauvreté. Plus de 70% des habitants de cette métropole côtière vivent en dessous du seuil de pauvreté et le taux de chômage local dépasse 60%, selon l’ONU. Une situation aggravée par un taux d’inflation supérieur à 154%, selon la Banque Mondiale.

Centre communautaire à Tripoli
Des membres des groupes de femmes qui animent le centre communautaire Beit Salam à Tripoli, au Liban. 

Le centre se situe à proximité des quartiers déshérités de Bab el Tabbaneh, à majorité sunnite, et Jabel Mohsen, le voisin alaouite, en proie à des affrontements interconfessionnels depuis une quarantaine d’années. Entre les deux, la rue de Syrie, qui a longtemps été une ligne de front. Les occupantes de Beit Salam ambitionnent d’en faire un trait d’union entre les différentes communautés présentes. Elles sont en tout 56 femmes, réparties en quatre groupes accompagnés par Hope depuis 2018 avec le soutien du Secours Catholique. « Elles ont entre 20 et 60 ans. Elles sont Libanaises, réfugiées palestiniennes ou syriennes. Il y a parmi elles des cheffes cuisinières, des professeures, des étudiantes, des femmes au foyer », précise Aïda.

Synergies

Le centre communautaire est propice à l’échange de bonnes pratiques et à faire émerger des actions conjointes dans le but de rapprocher des populations, qui se perçoivent comme rivales. Depuis l’ouverture de cet espace, des synergies se créent. Aïda explique : « Avant, elles pilotaient leur initiative (ateliers culinaires ou bien-être, distributions de colis alimentaires etc.) dans leur coin. Il n’était pas facile pour elles de parler à leurs voisines du quartier d’en face. Maintenant, ces femmes s’intéressent ou participent aux projets de groupes de communautés différentes de la leur et elles pensent et mènent des activités ensemble ». Par exemple, des visites à des malades dans un hôpital ou à une famille endeuillée.

Et un souffle de sororité balaie ces quartiers tripolitains. « L’une d’elles avait vu des jeunes se disputer en pleine rue. Souvent, ces disputes se finissent à l’arme à feu. Elle s’est interposée et elle a été rejointe par des femmes des autres groupes qui fréquentent Beit Salam. Elles ont réussi à mettre fin à cette altercation en disant qu’elles ne laisseront pas un autre de leurs enfants mourir »

Lire aussi : Liban : "C'est par les catastrophes que l'humanité réalise le besoin de solidarité"

Crédits
Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
© Hope
Fonction(s)
Photographie
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