À Marseille, un accueil de jour pour femmes en précarité

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À Marseille, l’accueil de jour Saint-Joseph du Secours Catholique devient tous les mardis après-midi l’accueil Sainte-Joséphine, un espace en non-mixité où des femmes sans domicile fixe ou en situation de grande précarité peuvent se ressourcer et se soutenir.
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« Voilà la plus coquette ! », lance le groupe d’une seule voix tandis que Samayé, enveloppée dans un long manteau, fait son entrée. Le petit bout de femme vient de laisser sur le pas de la porte son compagnon, Dominique. Ce dernier affiche un air impassible. Lui qui fréquente le lieu, il connaît la règle : l’accueil de jour du Secours Catholique, situé dans le quartier du Prado à Marseille, ouvre ses portes seulement aux femmes en précarité tous les mardis après-midi. Durant ces demi-journées en non-mixité, l’accueil de jour Saint-Joseph – du nom de l’hôpital qui met à disposition les locaux –, ouvert le restant de la semaine à tous les publics, devient ainsi l’accueil Sainte-Joséphine. Un changement de nom « pour marquer le coup », souligne Farida, la responsable bénévole.

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logement insalubre marseille
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Samayé vit dans un logement insalubre de 12 mètres carré. « Les toilettes sont sur le palier et la douche est toute pourrie, infestée par l’humidité », confie-t-elle. Chaque mardi après-midi, cette Marseillaise se rend à l’accueil Sainte-Joséphine pour « se laver et se faire chouchouter ». 

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femmes en précarité
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Ce n’est que la deuxième fois que Salima se rend à l’accueil de jour Sainte-Joséphine mais elle dit y avoir déjà trouvé sa place. Ce jour-là, la jeune femme propose à une personne accompagnée de raccommoder une couture défaite. Devant la machine à coudre, celle qui fuit un conjoint violent étouffe quelques sanglots : « L’hôtel qui me loge m’a dit que je vais bientôt devoir libérer ma chambre. Je ne veux pas retourner à la rue ».

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À Marseille, un accueil de jour pour femmes en précarité
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Le choix de la non-mixité repose sur la volonté de mieux répondre aux besoin des femmes en précarité, qui étaient jusque-là très peu à pousser la porte de l’accueil de jour du Secours Catholique alors que « le nombre de femmes à la rue grandit à vue d’œil », explique Farida (au centre), la responsable, également membre de l'équipe de bénévoles de la tournée de rue à Marseille. « On souhaitait créer un temps d’accueil à taille humaine pour prendre le temps de discuter avec les personnes accueillies, mieux comprendre leur situation et tisser des liens », précise-t-elle. 

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femmes en grande précarité
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« Entre femmes, c’est plus agréable, on se sent plus à l’aise », confie Fettouma (à gauche), un disque en coton imbibé de dissolvant à la main. La mère célibataire d’un enfant de quatre ans raconte les mésaventures vécues dans des accueils de jour mixtes : « Il y a souvent beaucoup d’hommes devant l’entrée, certains vous regardent bizarrement et beaucoup n’ont pas l’air d’être dans leur état normal. Parfois, ils en viennent aux mains. On ne peut pas totalement s’y sentir en sécurité ». 

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Ici, les femmes accueillies peuvent partager un goûter, récupérer des vêtements propres ou des produits d’hygiène, recharger leur téléphone ou bénéficier d’un accompagnement social. Elles peuvent aussi consulter une gynécologue.

Il s’agit au sein du réseau des accueils de jour du Secours Catholique du second lieu – après la Halte de jour à Bordeaux – à proposer un créneau réservé uniquement aux femmes à la rue ou bien logées chez un tiers, dans des habitats insalubres ou dans des hébergements d’urgence, accompagnées ou non d’enfants. Avant, « beaucoup nous disaient qu’elles n’osaient pas venir ou revenir car elles ne se sentaient pas à l’aise ni sécurité au milieu des hommes », explique la bénévole. Et celles qui venaient malgré tout finissaient souvent par « renoncer à se doucher », gênées par les regards masculins, poursuit-elle.

Entraide

Le problème de l’accès aux douches ne se pose plus depuis l’aménagement de ce temps d’accueil non-mixte, il y a près d’un an. Venir y prendre sa douche est même « devenu un plaisir et un moment de bien-être qui booste leur estime de soi », observe Farida, au moment où Samayé sort de la salle de bain, ses longs cheveux bruns mouillés, avant de prendre place sur une chaise, au centre de la pièce. Aussitôt, deux nouvelles accueillies se portent volontaires pour lui faire un brushing.

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Une odeur de vernis embaume alors la salle. Sur un coin de table, Fettouma improvise une retouche manucure sur les mains de son « amie » Shérine, hébergée, comme elle, par le 115 dans un apparthôtel. Elle se dirige ensuite vers Salima, une nouvelle accueillie logée dans une chambre d’hôtel sommaire, dépourvue d’équipement de cuisine. « C’est pour toi, un repas chaud pour changer », lui dit-elle en lui remettant une boîte en plastique. « Elles prennent soin les unes des autres de manière spontanée et font de cet espace un lieu de bienveillance et d’entraide », se réjouit la bénévole.

À 16h, Samayé, toute pimpante « comme une mariée », enfile son manteau et, avant de retrouver son compagnon, qui l’attend patiemment à l’extérieur, elle lance : « à la semaine prochaine ! »

Chiffres clés
Chiffre
40%
Description
Des 300 000 personnes sans domicile en France sont des femmes en 2024, selon la Fondation pour le logement des défavorisés.
Chiffre
3 000
Description
Femmes passent la nuit dehors, chaque soir, en France, d'après le Sénat.
Chiffre
10%
Description
Des usages des bains-douches municipaux sont des femmes, selon le Samusocial de Paris.
Crédits
Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Anthony Micallef
Fonction(s)
Photographe
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