Mayotte et La Réunion face au coronavirus
A Mayotte, île minuscule où vivent environ 270 000 personnes à 95 % musulmanes, près de la moitié sont étrangères, un quart en situation irrégulière, 84 % vivent sous le seuil de pauvreté et 30 % des habitations n’ont pas d’eau courante. Déjà en proie à une épidémie de dengue, les services de santé risquent de ne pas pouvoir faire face si le virus se répand.
Le problème essentiel d’aujourd’hui, indique Baptiste Filloux délégué du Secours Catholique à Mayotte, est alimentaire. Les Centres communaux d’action sociale aident les personnes en situation régulière. Une grande partie des Comoriens est donc exclue de l’aide institutionnelle.
Alors, aux côtés d’autres associations, le Secours Catholique remet des bons d’achat d’une valeur de 20 euros chacun aux personnes accueillies. Et puis il y la fracture numérique qui touche grandement les élèves théoriquement soumis à une continuité pédagogique dématérialisée.
Pour les plus précaires d’entre eux, une opération de dotation en forfait internet (5 Go par élève) est en cours (290 élèves dotés à la mi-avril) pour qu’ils puissent suivre à distance les cours de leurs professeurs. Désormais en lien avec le rectorat, la délégation espère pouvoir élargir cette aide à d’autres élèves.
Damien Roussy, délégué de la Réunion
À La Réunion, même préoccupation où une des nombreuses réponses de la délégation du Secours Catholique à la pandémie actuelle consiste à imprimer cours et devoirs pour les acheminer jusqu’aux élèves confinés.
« Il existe ici une forte fracture numérique, explique Damien Roussy, le délégué du Secours Catholique. Nous avons débuté cette action à Saint-Denis, la capitale, et son territoire, mais nous devrions bientôt l’élargir à l’ensemble de l’île. »
« Notre priorité a été la “hotline“, ligne téléphonique mise en place dès le premier jour du confinement pour recueillir les appels des personnes dans le besoin ou souffrant d’isolement », poursuit Damien Roussy.
Comme à Mayotte, l’urgence a contraint le Secours Catholique à distribuer des « bons de secours » d’une valeur de 20, 30, 40 ou 70 euros. Jusqu’ici, la délégation a dépensé 15 000 euros en bons, un tiers du budget de l’aide matérielle annuelle de la délégation.