Montpellier : Randonnée solidaire dans le « Colorado languedocien »
Le sentier se déploie sur une étendue de vignes et d’oliveraies. À l’horizon, un relief massif domine la plaine agricole. « C'est le Rocher des Vierges, n'est-ce pas ? », interroge Régine, une une secrétaire médicale à la retraite tenant une paire de bâtons de randonnée. « Oui, nous l’avons grimpé la dernière fois », confirme Daniel, qui, en bon guide, ouvre la marche.
Une fois par mois, un groupe d'une dizaine de personnes accueillies par le Secours Catholique, de bénévoles et d'amateurs de randonnée se retrouvent pour partager un moment de convivialité en explorant à pied l’arrière-pays héraultais. Il leur arrive aussi d'arpenter les sentiers bordant les étangs et la côté méditerranéenne et de s'aventurer hors de l'Hérault.

Dans la fraîcheur d’un matin de janvier, adoucie par un soleil clément, cap ce jour-là sur le « Colorado languedocien ». Des gorges profondes au rouge soutenu, coiffées de garrigue. Elles forment le canyon du Diable, situé à environ une heure au nord de Montpellier. « Un dépaysement total », promet Corinne, co-organisatrice de ces randonnées solidaires, qui permettent à « des personnes, qui n’en ont pas les moyens, de s’offrir un bol d’air pur et de se reconnecter à la nature », loin de l'agitation urbaine. « Tout le monde n’a pas un véhicule en état de marche ou la possibilité de payer l’essence pour sortir de la ville et découvrir le patrimoine local », explique la bénévole à la voix rauque, elle-même accompagnée par le Secours Catholique, qui conduit jusqu’au point de départ des randonnées les personnes le souhaitant.
« Sortir de sa bulle »
Sans ce service de covoiturage, Sarah n’aurait pas pu s'aventurer dans ce paysage insolite, presque irréaliste en Occitane. « Et puis, seule c’est moins drôle », confie la participante, casquette rose sur la tête. Régine, la secrétaire médicale à la retraite, férue de randonnée, cherche, elle aussi, à « sortir de sa bulle et rencontrer des personnes qu’on ne pourrait pas connaître ailleurs ».
« Nous voilà au pays des cowboys », lance Jean-Paul, qui fréquente la Halte Solidarité, un accueil de jour du Secours Catholique à Montpellier, alors qu’une terre ocre se dévoile sous nos pieds. Après une dizaine de kilomètres de marche, la récompense est immense. Le groupe longe un ruisseau, gelé par endroit, qui les mène dans les entrailles du canyon, creusé par l’érosion. « Regardez la roche ! On dirait les étagères d’une bibliothèque, s’émerveille Germaine, une membre du groupe, en levant la tête. C’est pas l’Amérique mais c’est pas mal aussi ! »