Palestine : Des cliniques mobiles contre un « apartheid sanitaire »
L’occupation israélienne a un impact dévastateur sur le système sanitaire palestinien : les habitants de Cisjordanie et de Gaza vivent en moyenne sept ans de moins que les citoyens juifs israéliens (74,1 ans contre 82,8 ans) et le taux de mortalité infantile dans les Territoires occupés est quatre fois supérieur à celui enregistré en Israël (12 pour 1 000 contre 3 pour 1 000), selon le Bureau central palestinien de statistiques. Or, « Israël, en tant que puissance occupante, a la responsabilité de garantir le droit à la santé des Palestiniens », rappelle Nolwenn Cremet, chargée de projets au Secours Catholique.
Pour pallier un « apartheid sanitaire », Physicians for Human Rights Israel (PHRI), une ONG israélienne de défense de l’accès de tous à la santé, soutenue par le Secours Catholique, met en place des cliniques mobiles. Chaque mois, des équipes médicales pluridisciplinaires – généralistes, gynécologues, psychologues, neurologues, acuponcteurs etc. – s’installent dans une ville occupée où elles offrent des consultations.
« Au lieu que les personnes se déplacent, ce sont les médecins qui vont vers eux. Ils se rendent trois fois de suite dans une localité pour un suivi des soins », précise Nolwenn Cremet. Chaque année, quelques 3 500 praticiens bénévoles soignent ainsi plus de 14 000 Palestiniens.
Assistance juridique
La situation est plus compliquée pour ceux atteints de graves maladies. De plus en plus de patients palestiniens demandant un laisser-passer aux autorités israéliennes pour se faire opérer ou recevoir un traitement lourd dans un hôpital à Jérusalem-Est ou en Cisjordanie sont déboutés. « Il arrive qu’un permis soit accordé à un enfant mais pas à sa famille. Outre l’impact émotionnel, on remarque que les mineurs non-accompagnés réagissent moins bien au traitement », souligne Nolwenn Cremet.
Des demandeurs de permis font également face à un chantage. « Les services israéliens font pression sur eux pour collecter du renseignement », indique la chargée de projets au Secours Catholique.
Entre 2018 et 2022, près de 1 300 Palestiniens ayant essuyé un refus, dont plus d’un tiers de personnes souffrant d’un cancer, se sont tournés vers l’association israélienne qui prodigue une assistance juridique. Dans la moitié des cas, PHRI a pu inverser la décision des autorités israéliennes. Contre ces dérives et l’allongement des délais des soins, l’ONG plaide pour la mise en place de permis de longue durée, de trois à six mois, et étendu géographiquement.