Répondre au désarroi des mères martiniquaises
Ce n’était pas grand-chose, mais c’était la goutte d’eau suite à « une accumulation de petits tracas tout au long de la semaine ». Lorsque le samedi Marthe est tombée en panne de voiture, elle a craqué. « J’ai pleuré, pleuré, pleuré, je ne pouvais plus m’arrêter », raconte cette mère de famille d’une quarantaine d’années, aux dix autres femmes réunies ce mardi soir dans la petite salle paroissiale du Gros-Morne, dans le nord de la Martinique.
Dany Arthus, l’animatrice bénévole du groupe, dédramatise. « La prochaine fois, vide le seau petit à petit au lieu d’attendre que ça déborde, dit-elle d’une voix douce. Va marcher, va nager… »
Sandrine
C’est ensuite au tour de Sandrine de faire le point sur sa semaine.: « Il y a moins de clash entre mon mari et moi, la communication est rétablie. On se taquine même de temps en temps. Grâce aux conseils que je prends ici, j’ai plus de recul, je m’énerve moins. »
Depuis novembre 2017, Dany Arthus, comédienne et diplômée en thérapie familiale, anime ce groupe de soutien à la parentalité proposé par le Secours Catholique. « L’objet de l’atelier, est d’accompagner les familles pour qu’elles soient mieux », explique cette femme de 56 ans. Elle insiste sur la notion d’accompagnement : « Je ne suis pas là pour leur dire : "Il faut faire ceci ou cela", il n’y a pas de solution toute faite. Le principe est de partir de là où elles en sont, de leur propre fonctionnement et de les épauler dans ce qu’elles souhaitent améliorer. »
L’idée de monter un groupe de soutien à la parentalité est venue d’un constat. « Il y a une dérive chez nos jeunes, observe Marcette Louis-Joseph, responsable du Secours Catholique martiniquais. On en voit de plus en plus traîner, oisifs, et certains tomber dans la délinquance. Nous sentons dans nos accueils le désarroi des parents. Beaucoup sont dépassés. Nous avons voulu aider les parents à renouer des liens familiaux solides.»
Ce soir, il n’a pas pu se libérer, mais normalement, Carole vient avec son mari. Ils sont parents de deux garçons de 19 et 12 ans, et « parfois, ça clashe », confie cette agent enquêtrice de l’Insee. « Chez moi, il n’y a pas nécessairement cette communication, ce dialogue. Dans la famille, on est plus dans l’émotion », regrette-t-elle.
Carole aime ici échanger avec des personnes qui vivent la même chose, ne pas se sentir jugée, pouvoir à la fois se confier et être une oreille pour les autres. « On peut trouver, dans ce que dit l’autre, des réponses à des questions qu’on n’ose même pas poser. »