Réveillon à Pont-Sainte-Marie
La salle des fêtes de Pont-Sainte-Marie, à une quinzaine de kilomètres de Troyes jouxte l’église gothique Sainte-Marie-en-son-Assomption. A l’intérieur, quatre longues tables s’étirent jusqu’à la scène du fond où un disc-jockey vérifiant le niveau sonore des baffles fait pendant à un bel arbre de Noël. Au fil des ans, le réveillon de Pont-Sainte-Marie, proposé aux personnes isolées ou en difficulté financière, est devenu une tradition. « Nous attendons 145 personnes ce soir, annonce posément Bénédicte Roblot, la responsable bénévole de l’opération. Les gens viennent de toute l’agglomération de Troyes. Des bénévoles font une rotation en voiture pour amener les convives depuis l’arrêt du bus jusqu’ici. » À 19 heures, la salle commence à se remplir.
Parmi les 27 bénévoles nécessaires à la bonne tenue de la soirée, il y a Gérard, retraité. « C’est la troisième année que je participe à la fête. Cette année, dit-il en vérifiant la mise en place de l’équipe d’accueil, je suis copilote de l’opération. On demande à chaque convive une participation symbolique de 7 euros. » Tandis qu’au bar se prépare un apéritif à base de jus de fruits, près de l’escalier qui mène aux mezzanines une aire de jeux attend les enfants. Arrivées les premières, Maëline et Léane, 7 et 5 ans, construisent un circuit en bois sur lequel viendront rouler des billes. Michel, leur père, en a la garde pour Noël. Le jeune quadragénaire est fier de proposer à ses filles de réveillonner avec d’autres enfants.
A 20 heures, tout le monde est là. Certains ont déjà pris place à table. Mais la plupart sont debout, formant de petits groupes, retrouvant des connaissances, s’embrassant, se remémorant le Noël de l’an dernier. Un verre de jus de fruit à la main, ils picorent dans les assiettes qui circulent les amuse-gueules préparés par les migrants hébergés au foyer des Nozats. « C’est leur manière de participer au réveillon, explique Anne-Marie, responsable de la cuisine. Ils n’ont pas d’argent. »
Sœur Dominique est bénévole. C’est elle qui s’est occupée de la location du matériel. Elle a également été chargée du temps spirituel de la soirée. Avec la complicité des enfants ravis, elle met en scène un conte de Noël où l’amour triomphe de tous les vices. Cet intermède théâtral fait communier l’ensemble des invités par-delà les croyances.
Patrick, célibataire
Il est temps de passer à table. Marie, qui habite Pont-Sainte-Marie, présente son fils à ses voisins de table. C’est la troisième année qu’elle vient. Cette année, elle a aussi emmené Patrick, célibataire rencontré aux Restos du Cœur, qui dit. « Je préfère être avec des gens plutôt que rester seul chez moi. » À une autre table, Catherine et Jean-Michel sont moins expansifs. Ils n’osent pas encore aborder leurs voisins. Catherine vient d’entamer une formation d’agent d’entretien. Jean-Michel cherche un travail de paysagiste. Ils habitent Troyes. Ils sont venus parce que « l’an dernier, on s’est bien amusé. On a dansé », dit Catherine. « On a dansé la danse des canards », précise Jean-Michel.
Après le dessert, le Père Noël fait son entrée dans la salle des fêtes en tirant derrière lui plusieurs chariots chargés de cadeaux. La soirée s’achève sur ces notes d’un bonheur collectif où personne n’a été oublié, où chacun s’est senti aimé.