Saint-Malo : Pour un ultime départ dans la dignité

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Mourir et partir seul, sans personne pour accompagner la dépouille vers sa dernière demeure, voilà une situation qui se présente une douzaine de fois par an à Saint-Malo. Pour y remédier, deux bénévoles du Secours Catholique local s’engagent à rendre digne les obsèques des défunts isolés.
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« Dans les quartiers populaires, on ne meurt pas tout seul. En revanche, on peut très facilement mourir dans l’indifférence la plus totale dans les beaux quartiers où il n’est pas rare de retrouver des personnes mortes depuis deux ou trois semaines », indique Maryannick en dressant le profil type des défunts qu’elle et Marie-Françoise, toutes deux bénévoles au Secours Catholique de Saint-Malo, accompagnent dans l’ultime étape de leur existence.

Un bénévolat qu’enclenche le signalement du Centre communal d’action sociale (Ccas) de Saint-Malo lorsqu’il informe les deux bénévoles de l’identité du défunt isolé et de son lieu de mort. Les deux femmes se mettent alors en quête de personnes ayant eu un lien avec la personne décédée afin d’obtenir des témoignages essentiels permettant de dresser une biographie et de décider d’un enterrement ou d’une crémation.

obsèques

« Il y a toujours une connaissance pour nous dire si la personne souhaitait être enterrée, révèle Maryannick. L’équipe municipale est très consciencieuse, elle fait le nécessaire pour trouver une tombe. »

L’an passé, Maryannick et Marie-Françoise ont présidé aux cérémonies de cinq crémations et sept enterrements. « Onze hommes et une femme. Une seule personne vivait et est morte dans la rue. Huit étaient célibataires. Neuf d’entre eux ont basculé dans la marginalité au décès de leur mère. » Ce dernier détail souligne le souci de comprendre qui était la personne morte et ce qu’elle a vécu.

Je ne peux pas les laisser partir seuls.

Lors de la crémation, la cérémonie débute dans le petit salon du funérarium. « Quelques personnes nous accompagnent pour grossir nos rangs, explique Maryannick. Parfois, elles chantent ou lisent un poème. » D’abord, la musique, choisie à partir des témoignages recueillis. Puis l’énoncé de la biographie du défunt, plus ou moins étayée, et enfin la lecture d’un ou deux poèmes. Lors des enterrements chrétiens, les deux bénévoles apportent de la lumière et de l’eau bénite et mettent une croix sur le cercueil avant la mise en terre.

L’engagement des deux femmes tient à leur foi et à leur conception du monde. « Nous appartenons à la même humanité. Assister au départ de l’un d’entre nous, c’est signifier qu’aucun de nous ne doit être exclu de cette humanité, précise Marie-Françoise qui ajoute : Parce que je suis croyante, je ne peux pas les laisser partir seuls. »
 

Crédits
Nom(s)
Jacques Duffaut
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Elodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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