À Tours, des visites pour se rapprocher de l’emploi
Les deux minivans du Secours Catholique se remplissent au compte-gouttes en ce matin de juillet. « On peut encore s’inscrire pour la visite d’entreprise ? » Nicky, jeune femme de 20 ans, rejoint in extremis le groupe devant la délégation de Tours. Comme la quinzaine de participants prête à partir, elle est sans emploi : « J’ai un CAP cuisine mais j’aimerais me réorienter. Je viens surtout découvrir d’autres métiers, comme ceux de l’entretien » explique-t-elle. Jean Carré, bénévole à l’initiative de ces visites collectives, se réjouit en démarrant le moteur : direction Joué-lès-Tours, à une dizaine de kilomètres de là, pour mieux cerner les métiers de l’hôtellerie-restauration.
« Beaucoup de gens en recherche d’emploi n’ont pas accès à l’entreprise : pour eux, c’est une autre planète ! » nous dit le chauffeur. Le Secours Catholique mise sur une découverte in situ, qui permet de démystifier l’entreprise et d’ouvrir des voies de réinsertion professionnelle. « Certains reviennent et nous disent, étonnés : “On a rencontré des chefs d’entreprise, ils sont gentils, ils ont répondu à nos questions !” » sourit le bénévole.
Sur les hauteurs de la commune située au sud de Tours, le petit groupe impatient chemine vers le hall d’entrée de l’établissement. Ludovic Raynaud, directeur détendu, serre les mains et brise la glace en présentant le restaurant. Comme la plupart des visiteurs, Lulzim, 36 ans, n’avait jamais mis les pieds dans un hôtel quatre étoiles. Depuis deux ans, ce Kosovar est bénévole cuisine au sein de l’équipe service du Secours Catholique de Tours (composée de 31 bénévoles de 14 nationalités différentes) en attendant de pouvoir être régularisé.
« Je ne connais pas les recettes françaises, alors j’apprends et j’améliore mon français, ça me sera utile quand je pourrai travailler ! » Ces visites sont en effet bénéfiques tant aux demandeurs d’emploi de droit commun qu’aux personnes étrangères, en France depuis plusieurs années. « On veut leur montrer qu’une entreprise, c’est aussi culturel : un chantier en Russie n’a rien à voir avec un chantier à Tours ! » souligne Jean Carré en se rappelant la visite du mois dernier dans une entreprise de BTP. À travers les couloirs de l’hôtel, le passe-partout électronique de Ludovic Raynaud révèle son lot de surprises : en plus de ses activités classiques, le Mercure se dote d’une salle de sport et d’une piscine indépendantes. À ceux qui gonflent les muscles et écarquillent les yeux, il spécifie : « Les coachs qui travaillent avec nous ont des diplômes d’État accessibles à tout le monde et que vous pouvez passer ! »
S’il se porte volontiers guide, le directeur conserve ses yeux de recruteur. « Le but est aussi de trouver des personnes qui ont envie de venir travailler dans nos métiers, précise-t-il, car même s’il y a des écoles hôtelières, on est en pénurie constante de salariés au moment des gros pics d’activité. » À l’étage, il poursuit, d’un ton léger : « Ici, il y a 76 chambres : pour nous, c’est 76 maisons à entretenir ! », suggérant la cadence de travail et la diversité des activités d’entretien.
Intriguée, Anahit dodeline en tâtant le lit king size. Difficile pour elle de faire reconnaître sa formation d’infirmière acquise en Arménie. Cela lui permettrait pourtant de travailler en France. « Vous connaissez déjà les règles d’hygiène, c’est essentiel pour un poste de femme de chambre par exemple », l’encourage Ludovic Raynaud. À ses côtés, Anna, elle aussi Arménienne, a la faculté de parler cinq langues. « Pour un poste d’accueil, c’est un sacré point fort ! Et pour compléter, l’hôtel propose des formations en interne. » De quoi booster la confiance des visiteurs du jour, qui pourront à nouveau élargir leurs perspectives professionnelles en septembre en franchissant le seuil d’une PME voisine, grossiste en matériaux de construction.