À Villeneuve d’Ascq, un accueil mobile pour les étudiants précaires

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Des bénévoles du Secours Catholique vont à la rencontre des étudiants précaires ou isolés du campus de Villeneuve d’Ascq avec le Fraternibus.
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Sa silhouette frêle habillée d’un long manteau se fond au milieu d’un groupe de jeunes qui rient aux éclats tandis que la flèche tirée par l’un d’eux atterrit loin de la cible. « C’est tout nouveau pour moi ici. Je ne connais personne. Tous mes amis du lycée sont inscrits dans d'autres universités », confie d’une voix timide Sarah, 18 ans, en première année de théâtre, postée près du stand de tir à l’arc.

En cette semaine de rentrée universitaire, c’est aussi la reprise pour le Fraternibus du Secours Catholique qui part à la rencontre des étudiants souffrant de précarité ou d’isolement. Stationné deux après-midi par mois sur le parvis de la faculté de Villeneuve d’Ascq, le bus fraternel floqué aux couleurs de l’association sert d’espace d’accueil éphémère. Il est conçu comme un bar à jeux mobile où l’on peut se réchauffer en buvant une boisson chaude, croquer un morceau de gâteau ou s’affronter au tir à l’arc. Le jeu est « un bon outil pour tisser des liens », estime Corinne Hatte, animatrice du Secours Catholique à Lille. Depuis le covid, de plus en plus d’étudiants précaires qui passent par la permanence sociale « nous disent être isolés », ajoute l’animatrice. « Bien qu’ils soient entourés par des milliers d’autres étudiants, certains ne connaissent personne et se sentent seuls ». 

Tisser des liens

Profitant de leur pause déjeuner, sous un ciel nuageux, Elsa et Isaora se défient au jeu de stratégie puissance 4. Les deux amies, étudiantes en licence de psychologie, perçoivent une bourse du Crous. « Pas de quoi payer un loyer », lance Elsa, qui passe plus d’une heure et demie dans les transports en commun pour relier le domicile familial à la faculté. Isaora, doit, elle aussi, se « débrouiller », en complétant son budget par un salaire de serveuse à mi-temps et des services de manucure à domicile.

Au milieu d’une partie de jeu de société, il arrive souvent que la pudeur tombe et que la confiance se noue. « Les étudiants sont généralement discrets sur leur situation, ils ne parlent pas d’emblée de leur problème, raconte Jean-François, responsable bénévole. Quand ils viennent vers nous, c’est qu’ils ne peuvent vraiment pas faire autrement. Certains se sont endettés. On essaie de se montrer rassurant. » 

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installation du Fraternibus
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Jean-François lance la machine à café, Antoine branche la sono et Christine inscrit un message de bienvenue. Le Fraternibus, qui va à la rencontre des jeunes en difficulté sur leur lieu d'étude, est presque prêt à accueillir ses premiers visiteurs. 

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flyers fraternibus secours catholique étudiants précaires
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L'équipe de bénévoles se déploie sur le parvis de l'université et distribue aux étudiants un flyer sur lequel on peut lire les coordonnées de la permanence sociale du Secours Catholique à Villeneuve d'Ascq, située à près d'un kilomètre du campus. Christine, bénévole, explique : « Ici, on ne règle pas les problèmes des étudiants. Nous sommes un relais d'informations. On les met en relation avec les services sociaux, les associations de lutte contre la précarité ou notre permanence sociale en fonction de leur situation ». 

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étudiant bénévole secours catholique
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« Imaginez combien d'étudiants sont dans ma situation mais ne savent pas grand-chose de leurs droits », lance Manuk tandis qu'il aide à installer le bar à jeux. L'étudiant arménien en relations internationales, demandeur d'asile, a croisé la route du Fraternibus l'an passé. Depuis, il a rejoint l'équipe de bénévoles. 

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étudiant étranger sans logement
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« C'est compliqué », lâche Birmane, en esquissant un sourire gêné. Autour d'un café, il se livre : arrivé du Sénégal il y a quelques jours, l'étudiant en langue arabe de 19 ans, hébergé temporairement par des connaissances, est à la recherche d'un logement et d'un travail pour subvenir à ses besoins. 

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rompre l'isolement
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Le Fratenibus est également un lieu de rencontres où des personnes arrivées seules peuvent repartir accompagnées. Christine témoigne : « On a déjà vu des groupes se former autour du tir à l'arc ou du puissance 4 et repartir ensemble en rigolant. » 

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devenir bénévole
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Le Fraternibus permet d'être visible aussi bien des étudiants en difficulté que de ceux intéressés par faire du bénévolat. Cette après-midi-là, plusieurs étudiants, à la sortie des cours, font une escale à l'accueil mobile pour se renseigner sur les activités de bénévolat au sein du Secours Catholique. Gaëlle, en baggy et bomber, en fait partie : « Je me sens plus stable aujourd'hui pour me sentir prête à aider ». L'étudiante de 21 ans, en licence de psychologie, qui quitte l'espace éphémère en laissant ses coordonnées, continue toutefois à vivre « des fins de mois difficiles. J'ai la bourse, je fais du baby-sitting et ma mère m'aide aussi mais j'essaie de lui en demander le moins possible. »

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Nom(s)
Djamila Ould Khettab
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Christophe Hargoues
Fonction(s)
Photographe
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