Accueil familial de vacances : un autre quotidien en toute simplicité
Thierno a sûrement eu le vertige lorsqu’il a emprunté pour la première fois la route qui dessert le hameau de Montpascal, près de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie.
Le jeune garçon de 11 ans est accueilli à 1400 mètres d'altitude dans une maison de famille, entourée de sommets encore enneigés en avril.
Depuis l’été 2016, les jeunes retraités René et JoAnn Montaz lui ouvrent en effet leurs portes le temps des vacances. Un sacré dépaysement pour Thierno, qui habite avec sa famille dans le quartier populaire de la Sauvagère, à Lyon.
Le partage est au cœur de la relation.
Il y a cinq ans, le couple d'anciens Parisiens postulait au programme Accueil familial de vacances du Secours Catholique au moment où leurs trois enfants quittaient la maison.
« Ce n’est pas forcément que les enfants nous manquaient, mais on avait envie de consacrer du temps à d’autres. Moi je voulais particulièrement transmettre des choses à un enfant que je ne connaissais pas, ici, dans la maison paternelle », précise René.
Ce jour-là, le programme est simple : jardinage au soleil, préparation du déjeuner et balade dans la neige pour la dernière descente de luge de l’année.
« On vit au jour le jour. En fonction de la météo, on sort faire des balades. Il vit à notre rythme! », explique JoAnn.
Le couple fait partie de ces rares familles de vacances sans enfants : « Cela n’a jamais été un problème. Thierno est très curieux de notre vie ! Et il s’adapte très bien » s’enthousiasme JoAnn. Aujourd’hui le jeune garçon les considère même comme ses grands-parents.
Et « c’est tant mieux ! » ajoute René, dans un sourire : « Les enfants qui bénéficient de l’AFV vivent des situations familiales compliquées, souvent avec une maman seule et beaucoup d'enfants. Rares sont les adultes à qui ils peuvent se confier. On joue donc un peu ce rôle-là. »
Pour des raisons de confidentialité, la famille de vacances ne connaît pas en détail la vie du jeune. « Parfois on le questionne et lui aussi nous parle de son quotidien mais il est ici pour faire le vide. Pour penser à autre chose, on doit l’aider aussi pour ça », souligne René.
Thierno l’affirme aussi, être ici est une grande respiration pour lui.
Pour le couple, l’AFV permet une véritable rencontre entre adultes et enfants qui ont besoin de se changer les idées.
« Pour nous aussi cette rencontre est précieuse ! Elle nous ouvre, nous donne à voir une autre culture, une autre religion ! » résume JoAnn.
René est convaincu qu’il faut faire preuve « d’ouverture d’esprit » pour cette aventure.
« Notre devoir est de ne jamais juger les choses qui paraissent parfois un peu absurdes », ajoute JoAnn. « En fait, on se donne la main pour quelques jours, seulement ».
Marie-Françoise Bouchet, bénévole AFV à la délégation du Rhône
« L’Accueil familial de vacances est une démarche solidaire à destination des familles en précarité. Il s’agit le plus souvent de mamans qui élèvent seules leurs enfants, sans lien avec leur famille élargie (grands-parents, oncles et tantes…).
La plupart d’entre elles ont beaucoup de ressources intérieures mais se sentent totalement démunies pour apporter du loisir à leurs enfants. Elles sont conscientes qu’ils ont besoin de vivre autre chose que ce qu’ils connaissent dans le cercle familial restreint et l’école.
L'objectif est avant tout de donner une sécurité affective à l’enfant, et non de le juger. Il faut faire en sorte qu’il se sente en confiance pour lui apporter, par exemple, d’autres codes éducatifs qui pourront lui servir. Je pense à ce monsieur qui avait abonné un des jeunes à un journal sportif pour l’intéresser à la lecture ; ils sont restés en lien de longues années et le jeune a pu trouver une formation.
Si je devais résumer, l’AFV c’est finalement une rencontre, pour la famille comme pour l’enfant : cet accueil participe à un échange d’humanité, les deux en retirent des bienfaits, pour peu que la famille soit dans une démarche de simplicité. »