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Priscilla et ses deux fils

Famille monoparentale : des vacances pour souffler

Thématique(s)
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8 minutes
Somme
[SON] Priscilla
[SON] Maëlys
Chapô
Durant l’été 2023, Priscilla et ses enfants ont pu passer une semaine dans un camping de Cayeux-sur-Mer (Somme), avec le soutien du Secours Catholique et en partenariat avec l'ANCV*. Des vacances qui leur ont permis de se retrouver et de se détendre loin de leurs soucis. Pendant une journée, cette famille monoparentale a accepté de nous accueillir.
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Lorsque le Secours Catholique a proposé à Priscilla une aide pour partir en vacances dans un camping à Cayeux-sur-Mer (Somme), cette mère de trois enfants, divorcée, s’est d’abord étonnée. « Jamais je n’aurais pensé y avoir droit », souffle-t-elle ce jeudi 20 juillet 2023, balayant d’un regard charmé le mobil-home et la petite terrasse en bois qu’elle occupe avec sa famille pour une semaine.

Une fois l’effet de surprise passé, elle s’est dit que le hasard faisait parfois bien les choses. Enfant, c’est près de la même petite ville côtière qu’elle campait certains étés, avec ses grands-parents et ses deux frères. Cette année, c’est à ses propres enfants, Maëlys, 16 ans, Matthew, 14 ans, et Marlon, 11 ans, qu’elle fait découvrir les environs et une partie de ses souvenirs : le front de mer et son alignement de petites baraques pastel, le marché du village voisin, les étendues de galets de la pointe du Hourdel. « Ma famille avait peu de moyens, mais on réussissait toujours à s’arranger pour partir un peu l’été. Je suis heureuse de pouvoir le refaire avec mes enfants », explique celle qui a aujourd’hui 36 ans.

recréer du lien  en famille

Serviettes autour de la taille et cheveux ébouriffés, Maëlys, Matthew et Marlon reviennent de la piscine. Ils se réunissent dans le mobil-home pour écrire des cartes postales aux autres membres de la famille. « Mes grands-parents m’avaient parlé de tous ces endroits que nous avons visités, je suis content de les avoir vus », dit Marlon, le nez penché sur sa carte. Près de lui, sa grande sœur Maëlys se lance dans la préparation du repas. Au menu : une recette de hamburger revisitée, avec une galette de maïs à la place du pain, qu’elle a trouvée sur le réseau social « Tik Tok ». « Laisse moi t’aider à couper les légumes », intervient son frère, pendant que Matthew, le cadet, s’occupe des frites.

Matthew, le cadet des enfants, participe aux tâches domestiques.

Assise sur la terrasse, un livre à la main, Priscilla profite, elle aussi. « Quand ils s’organisent comme ça, c’est mes vacances à moi », rit-elle, s’évadant loin d’une logistique journalière souvent lourde lorsqu’on est un parent seul. « C’est très rare que je prenne des moments pour moi », souligne-t-elle. Elle savoure également ses retrouvailles avec ses trois enfants. 

Divorcée, Priscilla a la garde de sa fille à plein temps, et celle de ses cadets un week-end sur deux depuis quelques mois. Elle a imaginé ces congés comme une opportunité de « recréer du lien » avec et entre ses enfants. Elle veut en « apprécier chaque moment » et leur conseille de faire de même. « C’est une chance de passer une semaine ici, profitez », leur répète-t-elle. Entre une virée à la piscine et une partie mouvementée de « Uno », la fratrie ne se fait pas prier.

S’évader d’un quotidien difficile

Priscilla n’était pas partie en vacances depuis 2019. La fois précédente, c’était en 2015, avant sa séparation, également en mobil-home. « Financièrement, j’ai ressenti immédiatement qu’il y allait avoir un avant et un après la séparation », se remémore-t-elle. Au chômage, il a fallu retrouver très rapidement un logement et un emploi. « Heureusement que mes parents m’ont soutenue, sans eux, j’aurais plongé », souffle-t-elle. « J’ai connu des périodes très difficiles, entre les factures, le loyer, les courses lorsque j’avais encore la garde de mes trois enfants...les vacances, c’était juste impossible », poursuit-t-elle.

Cette année, souffrant d’une calcification à l’épaule, elle a dû cesser son activité d’agent d’entretien. En arrêt maladie, ses revenus ont significativement baissé, passant de 1200 à 500 euros par mois. « J’ai poussé la porte d’une recyclerie pour la première fois cette année. Au début, ce n’était pas évident, on a l’impression de tomber bas, à ne pas pouvoir s’offrir de choses neuves… puis on se rend compte qu’on n'est pas la seule », confie-t-elle. Non, elle n’est pas la seule. « Les mères isolées sont le type de ménage le plus fréquemment rencontré dans les accueils du Secours Catholique », note l’association dans son état des lieux 2023 de la pauvreté en France. « Les ruptures conjugales, les traumatismes sont une des raisons majeures pour lesquelles des personnes se tournent vers les associations, précise le Secours Catholique. 22% des femmes seules et des mères isolées rencontrées  mentionnent ainsi une séparation, un abandon ou un divorce récent.» 

Titre du son
Priscilla
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Maëlys et sa mère sur la plage de Cayeux-sur-Mer.

Priscilla a découvert qu’elle pouvait se faire aider pour partir en vacances grâce à des connaissances, qui lui ont parlé du dispositif du Secours catholique. La Caisse d’allocations familiales (CAF) et l’association ont pris en charge les frais liés à la location du mobil-home, et la famille les frais alimentaires. « Je veux témoigner pour que d’autres foyers puissent être informés de cette possibilité », répète plusieurs fois Priscilla. Elle a également pu bénéficier de chèques vacances, et offrir à ses enfants un repas au restaurant. « Avant le divorce, on pouvait faire des sorties avec les enfants, ce n’est plus le cas maintenant », souligne-t-elle.

Nouer de nouvelles amitiés

Une semaine de vacances en camping, c’est aussi l’occasion de faire de nouvelles rencontres et de se sentir moins isolée. Priscilla a fait la connaissance d’une autre mère célibataire, à quelques pas de son mobil-home. « Nous avons découvert que nous venions du même coin, près de Saint-Germain-la-Poterie (Oise) et nous allons sûrement nous revoir par la suite », se réjouit-elle. Ses enfants, eux, se sont liés d’amitié avec un adolescent voisin. Une rencontre qui a permis à l’aînée, Maëlys, de « vaincre sa timidité ». Lors d’une soirée organisée par le camping, elle a même « réussi à aller danser sur la piste ». L’adolescente constate également les effets bénéfiques de ce congé sur sa mère, dont elle salue « le courage ».

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Maëlys, 16 ans
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A la fin d’une journée bien chargée, la famille se retrouve généralement dans le mobil-home pour passer un moment ensemble, « autour d’un jeu de société ou d’un épisode de série », décrit Priscilla. « On regarde la série HPI, on adore ! », complète sa fille. L’héroïne ? Une mère célibataire de trois enfants.

*Association nationale des chèques vacances (ANCV)

Lire aussi : Mères seules, la débrouille au quotidien 

Crédits
Nom(s)
Lola Scandella
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Xavier Schwebel
Fonction(s)
Photographe
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