Un logement pour se relever
Le Mée. Dans l’un des immeubles situés près de la gare, un arôme de brioche embaume le palier de l’appartement de Mariama* et Mustapha*. La jeune femme d’origine sénégalaise a préparé le goûter de ses cinq enfants âgés de 17 ans à 13 mois. Les plus petits disposent d’une pièce dans le T3 loué par le Secours Catholique.
La famille est hébergée dans ce logement passerelle depuis deux ans. « On a obtenu ce logement provisoire quand on était dans le besoin. On a failli se retrouver à la rue, après avoir été hébergés chez des amis », témoigne Mariama. « Maintenant qu’on a des revenus, que mon mari travaille, il faut qu’on ait un logement à nous, si possible un T4, et que d’autres personnes dans le besoin bénéficient à leur tour de cet appartement. »
Mariama et son mari ont signé une convention d’occupation de ce logement passerelle avec le Secours Catholique en décembre 2013. Un contrat de trois mois renouvelable plusieurs fois, le temps que la famille trouve un logement. Jean-Paul, bénévole, explique : « Avec ce dispositif, on prend le logement comme angle d’attaque afin que la personne se pose et souffle un peu. Ensuite, elle peut faire les démarches pour trouver un emploi, augmenter ses ressources et enfin avoir son propre logement. »
Accompagner
Ce jour-là, Jean-Paul est venu rendre visite à Mariama. Il constate qu’il faudra réinstaller le détecteur de fumée. Les bénévoles et la famille se voient deux fois par mois pour faire le point. L’accompagnement par le Secours Catholique est en effet stipulé dans le contrat d’hébergement.
Les bénévoles ont ainsi donné des contacts d’entreprises à Mustapha qui a obtenu un CDI l’an dernier. Et actuellement ils soutiennent Mariama dans ses démarches auprès des autorités françaises. En effet, même si Mustapha a la nationalité espagnole après avoir vécu en Espagne, Mariama n’a toujours pas de titre de séjour. Or, si elle est sans papiers, impossible d’obtenir un logement social !
« Le Secours Catholique nous aide à reprendre confiance, explique la jeune femme, désormais je rêve d’avoir mes papiers pour pouvoir travailler à mon tour et ainsi avoir plus de revenus. » « Les personnes hébergées s’engagent à sortir de leur situation, commente Jean-Paul. On les aide à prévoir leur budget, on avance étape par étape pour qu’elles gagnent en autonomie. »
Les locataires sont invités à participer peu à peu financièrement : au départ une somme symbolique et à la fin ils paient l’intégralité du loyer une fois déduite l’allocation de logement temporaire financée par la Direction départementale de la cohésion sociale. À ce jour, Mariama et Mustapha déboursent 150 euros par mois.
Un tremplin pour un logement pérenne
L’objectif est bien de les préparer à “l’après” : ainsi le Secours Catholique meuble au minimum les appartements. « L’idée est que les personnes ne se sentent pas définitivement chez elles. On parle souvent de la suite, on les invite à mettre de l’argent de côté pour acheter des meubles pour leur futur logement. On fait en sorte qu’elles soient actrices de leur vie », explique Maria Bigot, animatrice Logement en Seine-et-Marne.
Avant Mariama et Mustapha, l’appartement était occupé par Brigitte, âgée d’une cinquantaine d’années. « Ancienne gardienne d’immeuble, elle avait divorcé et s’était retrouvée sans travail, sans ressources ni logement. Elle était au fond du trou, puis elle s’est relevée grâce au logement passerelle et avec notre accompagnement », témoigne Jean-Paul.
Au bout d’un an, elle a en effet trouvé une place de gardienne d’immeuble et un nouveau logement à Paris. Le Secours Catholique l’a aidée à déménager. Brigitte avait alors confié aux bénévoles : « Pour moi, la vie va changer. Je vais enfin pouvoir inviter mes enfants et petits-enfants, je n’aurai plus honte, c’est du vrai bonheur. »