Calais : « Avec la crise du Covid-19, la situation des personnes exilées a empiré »
Depuis le début de la crise du coronavirus, alors que des mesures de confinement généralisé étaient prises dans tout le pays par mesure de précaution contre la propagation du Covid-19, les conditions sanitaires pour les personnes exilées vivant dehors à Calais se sont dégradées, témoigne Juliette Delaplace, chargée de mission "Migrants" pour le Secours Catholique, à Calais.
Notamment parce que les lieux où elles pouvaient se rendre en journée avant le confinement sont fermés : elles n’ont désormais accès qu’à un seul point d’eau, pas suffisamment d’informations, pas de possibilité de recharger la batterie de leur téléphone et donc pas de possibilité d’appeler les numéros d’urgence dont le 15 pour les urgences médicales.
« Des personnes nous disent qu’elles ont faim, qu’elles ont peur d’être dans les campements », alerte la salariée du Secours Catholique, qui rappelle qu’« en plus d’être dans une situation dramatique, ces personnes ne sont absolument pas protégées du risque épidémique ».
Mise à l'abri
Face à cette situation très inquiétante, les associations ont alerté le préfet, les ministres du Logement et de de l’Intérieur. En vain. Les associations ont alors saisi sept rapporteurs des Nations unies. « Nous demandons à ce que ces personnes soient mises à l’abri, à proximité de Calais, dans des conditions dignes. Nous demandons que les conditions de vie sur les campements s’améliorent, et, a minima, que le harcèlement policier et les expulsions dont sont victimes les personnes exilées à Calais cessent. »
Les associations rappellent que l’État a les pleins pouvoirs, notamment celui de réquisitionner des lieux, si nécessaire, pour mettre des populations à l’abri. « Donc rien ne justifie aujourd’hui que tout ne soit pas fait pour protéger ces personnes. Et c’est ce que nous demandons. »
Des actions adaptées
Pour préserver les personnes exilées et ses bénévoles du risque pandémique, le Secours Catholique calaisien a dû adapter sa manière d’agir. L’accueil de jour qui accueillait près de 300 personnes chaque après-midi a été temporairement fermé. Des actions d’aide d’urgence ont été mises en place, comme la distribution de couvertures ou de chèques-services ou la recharge des batteries des téléphones portables.
« Nous allons sur les campements avec un générateur et 160 prises disposées en enfilade, explique Juliette Delaplace. Nous demandons aux personnes de charger sur les mêmes multiprises que leurs voisins ou amis pour éviter que cette action de recharge soit l’occasion de contact et donc de transmission du virus. Et les bénévoles suivent un protocole sanitaire strict (masques, lavage de main, désinfection du matériel avant et après). »
Le maintien du lien social est aussi au cœur des préoccupations de l’association, avec les personnes exilées qui vivent dans les campements, mais aussi avec celles hébergées sur le territoire et accompagnées par les bénévoles. « Des moments de convivialités et des cours de langues sont organisés par vidéo-conférence », précise Juliette Delaplace.