Didier Duriez, nouveau président national du Secours Catholique

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Le Secours Catholique - Caritas France réuni en assemblée générale a élu ce mercredi 12 juin son nouveau président national en la personne de Didier Duriez, ancien cadre d'entreprise et bénévole de l'association.
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Entretien avec Didier Duriez, nouveau président national du Secours Catholique – Caritas France

 

Didier Duriez, parlez-nous un peu de vous : qui êtes-vous, quelles sont les grandes lignes de votre parcours professionnel ?

Didier Duriez : J’ai 65 ans, je suis marié à Françoise, tourangelle, orthophoniste. Nous sommes parents de quatre enfants âgés de 23 à 31 ans et grands-parents de deux petites-filles de 4 mois et 2 ans. Je vis à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines. Picard d’origine, je suis né à Saint-Quentin, dans l’Aisne, et mes parents viennent du Nord et de Picardie.

Ingénieur de formation - diplômé de l’École nationale de l’aviation civile (Enac), à Toulouse - j’ai fait toute ma carrière en entreprise, principalement dans le secteur des télécommunications. J’ai travaillé pour la Sita, société internationale de télécommunication aéronautique, puis pour Equant - j'en ai été le président directeur général de sa filiale française -, dont le rachat complet par France Télécom sous le nom d’Orange a été effectif en 2006. Jusqu’à 2019, au sein d’Orange, j’ai pris différentes responsabilités, techniques puis marketing, en France et à l’international.

Ma carrière m’a ainsi amené à encadrer des équipes allant jusqu’à plusieurs milliers de personnes dans différents pays, et à accompagner ces équipes dans les grandes transformations qu’elles traversaient.

En novembre 2019, j’ai eu la chance de bénéficier du dispositif mécénat de compétences et j’ai rejoint dans ce cadre le département Philanthropie, legs et mécénat au siège du Secours catholique-Caritas France, avec pour mission de développer la relation avec les entreprises. Depuis 2021, J’ai poursuivi cette mission en tant que bénévole.

Quels engagements ont été les vôtres durant tout ce parcours ?

D.D. : Élevé dans une famille catholique croyante, mon engagement personnel a commencé, encore étudiant, comme président du bureau des élèves de l’Enac : cela m’a donné le goût des rencontres, avec des personnes aux profils et aux nationalités très divers. Puis, une fois actif, au Canada où j’étais en coopération, j’ai découvert le bénévolat à travers différentes structures, notamment d’accompagnement des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.

De retour en France, je me suis naturellement tourné vers le Secours Catholique d’Asnières où j’habitais. J’y ai été bénévole de 1983 à 1988. J’ai alors été marqué par le nombre croissant de personnes sans abris, pour lesquelles nous avons organisé des accueils de nuit. J’ai aussi été accompagnant d’enfants en situation de handicap, par l’entremise de la Fondation Claude Pompidou, pour des sorties le week-end. Plus tard, j’ai participé durant neuf ans au comité des donateurs du Secours Catholique, une instance consultative. Une expérience intéressante, qui m’a ensuite amené à proposer mes services à l’association dans le cadre du mécénat de compétences.

Aujourd’hui, j’ai d’autres casquettes : celle de trésorier national du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), mouvement d’éveil à la spiritualité ignatienne, et celle de président de l’une des associations paroissiales de la Sainte-Trinité, à Saint-Germain-en-Laye, qui mène également des actions de solidarité auprès des plus pauvres. Autant de mandats pour lesquels je dois maintenant trouver des successeurs !

Vous mentionnez votre engagement paroissial et au sein du MEJ. Quelle place occupe votre foi dans votre parcours ?

D.D. : Je suis aussi membre d’un mouvement de croyants : CVX (pour Communauté de vie chrétienne), d’inspiration ignatienne là encore, très basée sur le discernement. C’est une spiritualité riche, qui m’apporte beaucoup. Et avant cela, quand j’étais en activité, je participais au mouvement Entrepreneurs et dirigeants chrétiens, qui aide ses membres à appliquer les repères de la doctrine sociale de l’Église au sein de leur entreprise : la dignité des personnes avant tout, le bien commun, la subsidiarité, etc. J’ai également participé à d’autres mouvements et actions. À chaque fois, j’écoute, j’apprends à travers ces mouvements ce que l’Église proclame, ce qui l’a amenée à prendre ses positions et comment l’on peut concrètement appliquer ces enseignements et repères. Aujourd'hui, ce qui est en train de se passer autour de Laudato si me passionne, car la réflexion en cours et à laquelle nous participons me semble être le début de ce qui va peut-être devenir la doctrine écologique de l’Église. J’essaie d’apprendre de ces enseignements et de ma vie de croyant, et d’appliquer ce que j’apprends dans mes responsabilités quelles qu’elles soient : familiales, professionnelles par le passé et bénévoles aujourd’hui.

Vous venez d’être élu président national lors de l’assemblée générale du Secours Catholique qui s’est tenue à Lourdes. Quel processus vous a conduit jusqu’à cette nouvelle fonction ?

D.D. : Durant mon mécénat de compétences au Secours Catholique, on m’a demandé un jour si je serais intéressé par entrer au Conseil d’Administration (CA) de l’association. J’ai dit oui, et remis mon CV à ceux qui m’ont posé la question. Je n’ai pas eu de retours sur ce sujet, jusqu’au mois de mars dernier, où le cabinet missionné par le Secours Catholique pour recruter un nouveau président m’a contacté pour savoir si j’acceptais d’être candidat à la Présidence. Ceci fût un choc pour moi, car très différent de ce que j’avais exprimé ! Après discernement avec mon épouse, j’ai accepté. Nous étions plusieurs candidats. Il y a eu plusieurs entretiens et rencontres, avec des membres du CA, de la gouvernance, puis avec le CA entier. La Conférence des Évêques a également donné son approbation. J’ai finalement été retenu comme président pressenti par un vote du CA. Puis, lors de l’Assemblée générale annuelle qui s’est tenue ce 12 juin, ce choix a été définitivement entériné. Je serai nommé avec les autres membres bureau national - trésorier, aumônier et vices présidents - par le Conseil d’Administration qui se tient très prochainement.

Quelles vont être les premières étapes pour vous dans la prise de cette fonction ?

D.D. : Il y a déjà un certain nombre de rendez-vous programmés : un déjeuner avec des parlementaires, des rencontres avec certains de nos partenaires associatifs. J’irai assez vite sur le terrain, à la rencontre des équipes, prioritairement là où elles ont le plus besoin de soutien. Progressivement, j’irai rencontrer autant qu’il me sera possible les différentes délégations de notre réseau, comme les équipes du siège. J’ai déjà eu l’occasion de me déplacer, mais ce sera désormais sous un angle différent, pour bien comprendre les enjeux auxquels nous sommes confrontés sur le terrain.

Dans quel état d’esprit abordez-vous ce nouveau chapitre ?

D.D. : C’est avec joie que j’aborde cette nouvelle page, car je sens une résilience des équipes tant salariées que bénévoles, une capacité à s’adapter dont j’ai pu m'émerveiller pendant la crise COVID, et cela me rend très optimiste quand à notre capacité à répondre à nos enjeux associatifs pour les années qui viennent, dans un contexte financier de l’association plus compliqué que ce qu’on a pu connaître par le passé.

Il me paraît en effet clair que notre association, comme d’autres structures caritatives, est prise aujourd’hui dans un effet ciseau : davantage de personnes ont besoin d’aide et, si nos ressources sont stables, nous devons dépenser plus pour maintenir nos moyens d’actions. Mais notre association a de nombreux  atouts : une articulation qui fonctionne bien entre bénévoles et salariés et dont je m’attacherai à préserver la complémentarité, une vision claire des besoins du terrain et de comment le rayonnement de la charité chrétienne peut aider à y répondre et un socle solide de donateurs qui nous soutiennent et à qui nous sommes redevables. Enfin, une approche à laquelle je tiens, qui est la recherche permanente de la solution systémique aux problématiques rencontrées, sans pour autant abandonner les actions d’urgences qui restent absolument fondamentales.

Notre force réside aussi dans notre maillage territorial. Du Poitou à Mayotte, nous sommes confrontés à la précarité vécue par les personnes que nous soutenons, et les réponses que nous apportons sont adaptées aux différentes réalités de précarité vécues. Ce sont également ces réalités que nous allons continuer à faire remonter à nos responsables politiques et institutionnels, dans la continuité de ce qu’ont fait mes prédécesseurs que je tiens à saluer. Enfin, je tiens à m’appuyer sur la collégialité et le travail en équipe, mené avec la Déléguée générale, l'Aumônier, le CA et son bureau, ainsi que l’ensemble des délégations et directions de l’association dans le respect des fonctions de chacun, éminemment complémentaires.

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François Odinet, nouvel aumônier national

Le Secours Catholique accueille également François Odinet, nouvel aumônier national. François Odinet, 39 ans, est prêtre du diocèse du Havre. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon, docteur en théologie, il est enseignant aux Facultés Loyola Paris, dont il coordonne le domaine de théologie pratique et pastorale. Il a écrit et participé à de nombreux ouvrages sur la place centrale des pauvres dans l’Eglise. Il est surtout très investi aux côtés des personnes en précarité, dans son diocèse et au sein du Réseau Saint Laurent.

Crédits
Nom(s)
Propos recueillis par Clarisse Briot
Fonction(s)
Journaliste
Nom(s)
Élodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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