Pacte des Solidarités : les insuffisances du plan contre la pauvreté

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Alors que le budget de l’État pour 2024 est actuellement débattu au Parlement, le Secours Catholique revient sur les annonces du Pacte des Solidarités, censé dessiner la feuille de route de l’action publique contre la pauvreté jusqu’en 2027. Malgré quelques mesure positives, l’association ne cache pas sa déception.
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  • Le gouvernement donne la priorité à la lutte contre le non-recours aux prestations sociales. Le Pacte confirme la mise en place de la Solidarité à la source, qui désigne le versement automatique des allocations aux personnes ayant droit, ainsi que l’expérimentation de 39 “Territoires Zéro Non-Recours“.
  • Néanmoins, le Secours Catholique pointe le manque de cohérence entre ces mesures et certaines politiques publiques, notamment la loi Plein Emploi adoptée le 10 octobre dernier qui, en renforçant la pression et les sanctions sur les allocataires du RSA, risque de renforcer le non-recours que le Pacte des Solidarités prétend combattre.
  • Le Pacte prévoit un meilleur accompagnement des propriétaires modestes dans la rénovation thermique de leur logement avec un renforcement des guichets de lutte contre la précarité énergétique et une hausse de l’aide financière pour les travaux.
  • Malgré la fin du bouclier tarifaire et l’augmentation continue des prix de l’énergie, aucune annonce de revalorisation du chèque énergie ne figure dans le Pacte des Solidarités. À l’approche de l’hiver, ce sont toujours 12 millions de personnes qui sont en situation de précarité énergétique.
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la lutte contre la pauvreté doit constituer un axe structurant de l’ensemble des politiques publiques.
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  • Le gouvernement renonce à la suppression d’au moins 6 000 places d’hébergement d’urgence. Le Pacte des Solidarités prévoit le maintien des 203 000 places au niveau national jusqu’en 2024.
  • Si cette annonce est un soulagement pour le Secours Catholique, elle ne constitue pas pour autant une réponse à la hauteur de la crise que connaît le secteur. Chaque jour, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants faisant appel au 115 restent sans solution.
  • Le Pacte prévoit la pérennisation du fonds “Mieux manger pour tous“ avec un budget annuel de 60 millions par an auquel s’ajoute une enveloppe de 80 millions répartie sur 4 ans, et entend ainsi répondre à la crise de l’aide alimentaire.
  • Néanmoins, ces mesures ne représentent en réalité que 5€ de plus par an, rapportées au nombre de personnes recourant à l’aide alimentaire. De plus, elles confortent les distributions alimentaires comme mode de gestion de l’insécurité alimentaire, renforçant ainsi des dispositifs d’urgence au lieu d’apporter des réponses structurelles pour assurer l’accès de tous à une alimentation saine et durable.
  • Avec l’annonce d’un Service public de la petite enfance (SPPE), le Pacte prévoit la mise en place de 200 000 nouvelles places de garde (crèche, assistante à domicile…)
  • Le gouvernement fait le choix de diminuer les financements des “Territoires Zéro Chômeurs Longue Durée“, dont l’extension et la prolongation ont pourtant été votées à l’unanimité au Parlement.
  • Le Pacte passe sous silence la situation des personnes étrangères, alors qu’elles sont le plus durement frappées par la pauvreté, notamment quand leur situation administrative les empêche de travailler.
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Notre alternative 

« Passer d’une société de la défiance à une société de confiance »

Par Jean Merckaert, directeur Action et plaidoyer France au Secours Catholique

« La lutte contre la pauvreté ne peut pas être simplement l’empaquetage d’une série de mesures pensées indépendamment les unes des autres. Si le Pacte des Solidarités présente des choses intéressantes, on remarque des incohérences assez fortes entre les intentions annoncées et certaines lois qui vont mettre les plus modestes en difficulté, comme la loi Kasbarian-Bergé promulguée cet été qui précarise les personnes mal-logées, le projet de loi Plein Emploi en cours d’adoption, ou celui annoncé sur l’immigration.

Pour le Secours Catholique, la lutte contre la pauvreté doit constituer un axe structurant de l’ensemble des politiques publiques. Dans un contexte très incertain pour chacun, notre société a besoin d’un surcroît de fraternité : elle se doit de garantir un socle social à chaque personne, chaque famille. Celui-ci se traduit d’abord par un toit pour tous, or le logement est un axe délaissé par les politiques publiques actuelles. Et les capacités d’hébergement sont saturées, faute, notamment, d’un assouplissement dans la régularisation des personnes étrangères, aussi bien pour des raisons professionnelles que familiales. Il faut aussi garantir un accès à l’emploi à toutes les personnes qui le veulent, sans pour autant faire croire que le plein emploi serait l’unique réponse à la pauvreté. Beaucoup de personnes en précarité sont trop occupées à prendre soin de leurs enfants, de leurs proches malades ou en situation de handicap, certaines sont trop abîmées par la vie. Au lieu de soupçonner les personnes privées d’emploi, il nous faut reconnaître la contribution de chacun à notre société, et passer d’une société de la défiance à une société de confiance. »

Crédits
Nom(s)
Dimitri Partouche
Fonction(s)
Journaliste
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