Stratégie de lutte contre la pauvreté : notre bilan
- Force est de constater que malgré la crise du coronavirus, le taux de pauvreté est resté stable grâce aux mesures compensatoires mises en œuvre.
- Mais dans les faits, le Secours Catholique observe un appauvrissement des plus pauvres dont le reste à vivre se détériore, en raison de l’inflation, mais aussi de l’adoption de projets de loi qui plongent les gens dans l’extrême pauvreté (la réforme de l’assurance chômage, la forte baisse des APL, le décrochage du RSA, et on ne mesure pas encore les effets de la loi sur l’occupation illicite des logements).
- La revalorisation de la prime d’activité, suite au mouvement des Gilets jaunes, a permis de limiter le phénomène des travailleurs pauvres. De même, la mise en œuvre de la complémentaire santé solidaire a simplifié et accru la couverture santé pour les personnes en situation de précarité.
- La promesse du RUA (revenu universel d’activité) n’a pas été tenue. Elle devait permettre de lutter contre le non-recours. Aucun progrès n’a encore été constaté dans ce domaine depuis le début du premier quinquennat.
- La capacité d’hébergement d’urgence a augmenté lors de la crise du coronavirus. Le gouvernement prône par ailleurs la doctrine du « logement d’abord ».
- Mais dans les faits, les moyens ne suivent pas. La production de logement social a connu un niveau bas historique sous le président Macron. Et le dispositif de l’hébergement d’urgence est saturé, faute de mécanismes de sortie, par l’accès au logement très social ou par l’accès à un titre de séjour. Il faut noter à ce propos que la répression à l’encontre des étrangers s’est durcie.
- On constate moins de sorties sèches de l’Aide sociale à l’enfance à 18 ans, et la Garantie jeunes pour les 18-25 ans a été étendue (puis transformée en Contrat d’engagement jeune).
- Mais le Secours Catholique regrette qu’en dépit d’un large consensus face à la pauvreté des jeunes, le droit à un revenu minimum n’ait pas été étendu aux 18-25 ans.
- De manière générale, le discours public des responsables politiques s’est détérioré depuis 2017. Ils ont tendance à faire des personnes pauvres et des migrants les responsables des maux de notre société. Cela est injuste et violent pour les personnes concernées.
Notre alternative
« Faire de la lutte contre la pauvreté le cœur de chacune des politiques publiques »
Par Jean Merckaert, directeur Action et plaidoyer France au Secours Catholique
« Aux yeux du Secours Catholique, il faut que la politique du gouvernement passe d’une logique conjoncturelle (prime pour l’énergie ou le carburant) à une logique structurelle. Il faut faire de la lutte contre la pauvreté le cœur de toutes les politiques publiques. La France s’est d’ailleurs engagée envers l’ONU : elle doit éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030. Concrètement, nous attendons du gouvernement une logique d’investissement social dans les personnes qui vivent la précarité. Cela passe par un droit à l’accompagnement et à l’emploi décent, dans une logique de confiance et de proximité, plutôt que de mettre le couteau sous la gorge des chômeurs. Cela passe aussi par un socle de revenus décents garanti (sans risque de sanctions) dès 18 ans, pour que personne ne vive en dessous du seuil de grande pauvreté. Investir dans la société, c’est encore garantir à chacun l’accès à un hébergement ou un logement décent, ce qui suppose de rendre le parc privé plus accessible et d’investir dans le logement très social. La transition écologique doit elle aussi être une opportunité de lutter contre la pauvreté, en finançant et en systématisant la rénovation thermique du logement des ménages modestes, en rendant accessibles les mobilités propres et le choix d’une alimentation saine et durable pour chacun. Enfin, on n’éliminera pas la pauvreté en durcissant encore les conditions de vie des étrangers. Il faut au contraire élargir l’accès aux titres de séjour. »