Claire, mandatée dans un CCAS : « Je peux expliquer ce que ne disent pas les chiffres et les statistiques. »
« Quand j’ai poussé pour la première fois la porte du Secours Catholique de Montpellier, en 2018, je ne parlais presque pas, je ne faisais que pleurer. Je n’avais aucun revenu après m’être séparée de mon mari, et j’avais honte de demander de l’aide.
J’ai été accueillie par une équipe de bénévoles qui m’a accompagnée. Ces rendez-vous hebdomadaires étaient une bulle d’oxygène. Ils m’ont permis de ne pas baisser les bras. Ils m’ont aussi aidée à reprendre confiance en moi. Petit à petit, j’ai réappris à vivre avec les autres, à m’exprimer. Je me suis investie comme bénévole. J'anime un groupe de femme qui vivent souvent les mêmes difficultés que celles que j'ai traversées. Ensemble, nous faisons des ateliers artistiques et ludiques, des sorties culturelles.
Il y a quelques mois, la déléguée départementale du Secours Catholique m’a proposé de représenter l’association au conseil d’administration (CA) du Centre communal d'action sociale (CCAS) de Montpellier. J’ai accepté.
La première séance était impressionnante. Je tremblais. Il y avait le maire de Montpellier, Mickaël Delafosse, le vice-président et le directeur du CCAS, ainsi que les membres du CA, composé de huit élus et huit représentants d’associations ou personnes œuvrant dans le domaine social… Je me demandais ce que je pourrais bien leur apporter. Désormais, je me sens plus à l’aise et légitime. Notamment grâce au travail de préparation et de débriefing que j’effectue avec la déléguée et une animatrice du Secours Catholique.
J’ai aussi perçu ce que je pouvais apporter au titre des associations de lutte contre la pauvreté, à travers mon expérience. Je peux témoigner du regard souvent condescendant porté sur les personnes en précarité ; insister sur l’importance d’écouter leur parole pour trouver des solutions adaptées à leurs besoins ; expliquer ce que ne disent pas les chiffres et les statistiques, à savoir que la pauvreté n’est pas seulement une facture impayée, c’est un combat quotidien où tout est lié, où on doit choisir entre se soigner, se nourrir ou payer un abonnement de transports en commun, même si celui-ci ne coûte que 4 euros, car 4 euros, en fin de mois, c’est deux paquets de pâtes. Cette confiance que l’on me fait me permet de me reconstruire. La précarité, je ne m’y habitue pas, je vis avec. Mais à nouveau, j’ai un élan d’exister, d’être. »