Cungllung Vei-Tcha Teie, leader autochtone : « J’ai l’espoir que l’arrivée de Lula change la donne »
« J’ai 64 ans et je suis leader du peuple Xokleng depuis 2016. Mon père Vei-Tcha m’a choisie pour lui succéder. J’ai appris avec lui les politiques traditionnelles (NDLR : exercées au sein des systèmes politiques traditionnels ou coutumiers) et la nécessité de défendre nos droits à la terre, à la santé et à l’éducation.
Auparavant nous habitions à Ibirama, dans le sud-est du Brésil , mais en 1981, un barrage a été construit et a inondé sept de nos villages. Le gouvernement n’a jamais indemnisé les déplacés. Nous nous sommes ensuite installés à São Francisco de Paula, à 400 kilomètres au sud d'Ibirama, car c’est de là que provenait mon père. Nous attendons actuellement une décision de la justice pour reconnaître nos terres et reconquérir nos droits. En attendant, nous vivons au bord de la route, dans des tentes de fortune en carton et en plastique.
São Francisco de Paula était couvert de forêts natives quand j’étais enfant, mais maintenant on ne trouve plus que des monocultures d’eucalyptus et de pin. L’agrobusiness, ses monocultures et ses élevages extensifs, a détruit nos forêts. C’est une tragédie !
Nous, les peuples indigènes, nous restons proches de la forêt. Elle nous garde, nous alimente et nous soigne, avec notre médecine traditionnelle. Il n’y a qu’à voir le symbole du peuple Xokleng : l’oiseau Conglui. Tous les matins je l’appelle pour qu’il veille sur nous. L’esprit de la terre-mère est en moi.
J’ai l’espoir que l’arrivée de Lula à la présidence du Brésil change la donne pour les peuples autochtones. Un jour viendra, nous habiterons de nouveau sur nos terres. Le CIMI, partenaire du Secours Catholique, nous accompagne dans ce combat. »