Guerre civile en Birmanie : « Je fais face au défi le plus impressionnant de ma vie »

Chapô
Alors que la Birmanie s'enfonce dans une guerre civile, Père Aloysius, ancien directeur de KMSS Loikaw, une Caritas diocésaine au Myanmar, partenaire du Secours Catholique, se mobilise auprès des plus vulnérables. Il témoigne.
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La Birmanie (aussi appelée Myanmar) est en guerre depuis le coup d’état militaire du 1er février 2021, avec des affrontements entre junte militaire et groupes armés. Les civils souffrent des bombardements et des affrontements : plus de 3 millions de personnes ont dû être déplacées, tandis qu’au moins un tiers de la population a besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Père Aloysius, ancien directeur de KMSS Loikaw, une Caritas diocésaine au Myanmar, partenaire du Secours Catholique, témoigne de ce quotidien et de la nécessité d’être auprès des plus vulnérables.

Père Aloysius
Pour Père Aloysius, la guerre « n’est pas prête de finir et nous devons continuer malgré tout à accompagner les plus vulnérables. »

« À la KMSS, la Caritas birmane, nous avons toujours voulu prioriser les plus pauvres qui sont marginalisés et exploités. Mais depuis la guerre de 2021, nous faisons face un défi impressionnant : qui doit-on prioriser ? Car tous les civils sont affectés, et vivent des traumatismes inimaginables, tout en étant déterminés à survivre et à reconstruire leurs vies. J’ai compris l’horreur en mai 2021, alors que personnes âgées, femmes et enfants s’étaient réfugiés dans une église sur les hauteurs de Loikaw, église qui a ensuite été bombardée. J’étais alors directeur de la Caritas et c’était très stressant. J’étais inquiet pour nos équipes qui pouvaient être arrêtées à tout moment avec les check-points mobiles des militaires. Impossible de savoir où le conflit va être au jour le jour. J’ai besoin de connaître la situation des civils alors je me déplace dans le diocèse. Je sais que c’est dangereux mais je dois le faire afin de témoigner de la réalité, à savoir que les gens manquent d’abris, de nourriture et d’eau. Ils ont besoin de parler et de se savoir écoutés.

Je sais que c’est dangereux mais je dois le faire.

Caritas distribue de la nourriture, des abris temporaires et apporte une aide psychosociale, mais aussi de quoi relancer une agriculture durable. Cette approche écologique de l’agriculture (avec des semences locales, des fertilisants bio, un sol naturellement renouvelé) est un outil important contre la faim dans le contexte de la guerre, car cela donne aux civils des moyens de subsistance. 

Aujourd’hui notre bureau a déménagé à Demoso pour des raisons de sécurité, et je suis conseiller sur les projets des droits fonciers des peuples autochtones. Car l’accaparement des terres continue, et nous pensons, à la Caritas, que les peuples autochtones sont proches de la nature et défendent ses ressources. Il ne faut pas que leur environnement disparaisse pour le bien de la planète. C’est pourquoi nous les aidons à défendre leurs droits fonciers via des activités de cartographie. La guerre n’est pas prête de finir et nous devons continuer malgré tout à accompagner les plus vulnérables. »

Lire aussi : Guerre civile en Birmanie, un conflit oublié 

Crédits
Nom(s)
Propos recueillis par Cécile Leclerc-Laurent
Nom(s)
Elodie Perriot
Fonction(s)
Photographe
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