Jean-Yves, bénévole : « Spontanément, nous avons aidé les migrants à Briançon »
« Depuis 2016, nous, les montagnards du coin, nous voyons arriver des personnes migrantes, d’abord via le col de l’Echelle puis maintenant par le col de Montgenèvre entre l’Italie et la France.
Dans la montagne, les falaises sont abruptes. On retrouvait des jeunes les pieds gelés et alors, spontanément, nous nous sommes mis à les aider en leur apportant de l’aide matérielle, de la nourriture, des vêtements ou des cartes Sim. Notre paroisse a ouvert une cuisine. Puis le Refuge solidaire est né en 2017 à Briançon. J’y ai tout de suite participé et j’ai intégré son conseil d’administration.
Depuis que les migrants passent par "nos" Alpes, et moins par Vintimille ou la vallée de la Roya, on ne se pose plus de questions : on est les premiers sur place, c’est donc à nous d’accueillir. Je trouve que la France n’accueille pas les migrants. Toutes ces OQTF (ndlr. Obligations de quitter le territoire français) à l’encontre de gens qui travaillent, c’est du gâchis. Je suis en colère car l’État bloque l’emploi des sans-papiers alors qu’on a 300 000 postes non pourvus.
J’ai fait ma carrière dans l’industrie à Sens et Evreux. Puis, à l’âge de la retraite à 62 ans, nous avons décidé avec ma femme Diane de nous installer à Briançon. J’ai la montagne dans la peau depuis que je suis petit et que je l’ai découverte lors de mes camps scouts. Aujourd’hui encore je randonne tous les dimanches. En tant que bénévole, je me suis investi dans la paroisse puis au Secours Catholique. J’ai animé la boutique solidaire Brin de Causette et l’accueil de jour. On fait face à une pauvreté morale, avec beaucoup d’isolement dans les montagnes.
Aujourd’hui je suis également missionné par le Secours Catholique en tant que représentant de l’association au sein des Terrasses solidaires, la structure accueillant désormais le Refuge et d’autres associations d’aide aux migrants depuis 2021.
Je pense sincèrement que consacrer son temps à l’autre doit faire vivre tout un chacun. Des personnes comme l’Abbé Pierre, Mère Teresa ou Saint-Vincent-de-Paul sont des exemples pour moi. Je suis fier aujourd’hui que mes trois filles âgées d’une cinquantaine d’années soient dans des métiers de l’humain, à savoir infirmière en psychiatrie, institutrice et coordinatrice d’un centre pour personnes autistes. »
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