Justine, 16 ans, victime de violences sexuelles au Rwanda : « Je me suis réconciliée avec mes parents »

« Je suis tombée enceinte par accident quand j’avais 16 ans. Je ne savais pas que c’était possible à cet âge, je ne connaissais rien à la sexualité. Alors que je rêvais de devenir médecin, j'ai dû arrêter l’école. J’avais honte car mes parents sont pauvres et ils avaient beaucoup sacrifié pour payer mes études. Nous sommes neuf enfants à la maison. Quand il a appris la nouvelle de ma grossesse, mon père m’a frappée et m’a mise dehors. Pour survivre, j’ai dû faire des travaux des champs et des ménages. Des voisins me donnaient à manger. Mon fils Lucky est né alors que j’étais toujours sans toit. Parfois, j’allais dormir en cachette chez mes parents, dans la cuisine. Lorsque je dormais dehors, j’avais peur de me faire violer ou d’être dévorée par des bêtes sauvages. Je voulais mourir.

Puis, par la paroisse, j’ai rencontré la Commission diocésaine Justice et Paix (CDJP). J’ai pu raconter mon histoire : j’ai trouvé une écoute, mon chagrin a été apaisé. La CDJP m’a informée sur la sexualité. Surtout, elle a mis en place une médiation avec ma mère. J’ai ainsi pu renouer avec elle. La Commission lui a rappelé ses obligations en tant que parent. Ma mère a ensuite réussi à convaincre mon père de me laisser revenir à la maison, et j’ai pu de nouveau dormir chez mes parents. Aujourd’hui, il leur arrive même de porter mon enfant dans leurs bras. Grâce à la médiation, le père de mon fils a reconnu ce dernier. Nous avons donc pu l’enregistrer à l’état civil. 

À présent, je rêve de reprendre des études pour devenir tailleur. Mais il faudrait que mes parents puissent les financer. En tout cas, grâce à la CDJP, j’ai regagné leur confiance. Et plus tard, j’apprendrai à mon fils à se comporter de manière respectueuse envers les filles. »